Cet article explore les principaux aspects de la distance et de la longueur. Nous tenterons d’examiner la longueur sous son angle géographique — et, par extension, culturel — pour les sociétés humaines, aussi bien à l’époque moderne que dans une perspective historique.
Et notre voix intérieure nous souffle que nous ne pouvons pas éviter, dans nos réflexions, des questions telles que : pourquoi la longueur doit-elle être comprise comme une unité physique plutôt que comme un simple élément géométrique opérationnel ? Seule une étude détaillée de l’espace et de la matière baryonique nous aidera à révéler la profondeur de cette approche. C’est pourquoi nous recommandons à nos lecteurs de faire preuve de patience lorsque notre récit peut sembler quelque peu latéral au sujet principal de l’article. Bien sûr, aucun mal ne sera fait à ceux qui choisiront d’ignorer certains paragraphes, mais les lecteurs attentifs récolteront finalement la récompense d’une compréhension plus claire des principes fondamentaux que nous exposons ci-dessous...
Mais dans cette introduction, nous avons jugé nécessaire d’offrir un peu de “friandise”, afin que le lecteur poursuive sa lecture d’un contenu par ailleurs rigoureux et savant… N’est-ce pas ?
Vous trouverez ci-dessous, parmi d’autres nuances contextuelles, des descriptions détaillées des unités de longueur et de surface des principales cultures connues à ce jour. Cela inclut les unités de la Chine ancienne et médiévale, le système métrique indien, la Grèce, Rome, les premières unités européennes de longueur, ainsi que les approches de mesure de la distance dans les territoires slaves, telles qu’elles sont mentionnées dans d’anciens écrits historiques — parfois encore plus légendaires que les vestiges archéologiques conservés jusqu’à notre époque...
Mesures et Monde Ancien
Sans espace, aucune longueur, et là il n’y a que le néant...
Nous avons déjà mentionné le mot « baryonique » dans notre paragraphe d’introduction, et peut-être est-il temps ici de définir ce qu’il signifie — et, pour plaisanter, « avec quoi on le mange » ?
En bref, comme vous l’avez peut-être entendu chez certains vulgarisateurs scientifiques, l’univers — celui avec lequel nous entretenons une certaine relation d’observation — se compose de plusieurs types de matière. La cosmologie et la physique des particules décrivent les particules élémentaires comme possédant une dualité onde–particule, ce qui signifie que leur structure est fondamentalement ondulatoire. Seule une matière dont la structure d’onde est compatible peut interagir ou détecter ces éléments, fournissant ainsi des informations sur l’existence des objets que nous cherchons à observer. Ce type de matière détectable correspond à la matière baryonique, c’est-à-dire la matière ordinaire qui forme les étoiles, les planètes et les êtres vivants.
Nous passerons volontairement sous silence la soi-disant matière noire et l’énergie noire, qui occupent encore une place dans les clubs de discussion scientifique. Mais qu’en est-il de l’espace lui-même ? À quelle catégorie pourrions-nous le rattacher ?
Comme tout être vivant doté d’une grande capacité de mouvement, nous dépendons vitalement de la perception de notre environnement — de ce qui nous entoure, qui nous permet de reconnaître le territoire que nous occupons, d’identifier les cibles que nous pouvons approcher et d’évaluer les distances à franchir pour accomplir les activités essentielles à notre survie. Tout cela est représenté avant de poursuivre dans l’espace dédié. Cet espace est pour nous si familier que nous pensons rarement à ses propriétés physiques ; au contraire, tout le reste — l’air, la terre, les pierres, et tout ce que nous pouvons manipuler ou avec quoi nous pouvons interagir — constitue la matière pour nous.
Et nous approchons ici de très près la définition de la distance. Principalement, comme nous l’avons noté plus haut, notre élément opérationnel dans la relation à l’environnement est la distance. Mais la distance n’est que notre représentation d’une fraction de l’espace, simplifiée pour être exprimée en unités applicables dans cet espace. Et si l’espace lui-même n’est pas une valeur constante, pour nous la distance le restera. Sinon, tous les systèmes de coordonnées et points de référence détruiraient complètement notre capacité d’adaptation — laquelle dépend étroitement des schémas formés au cours de la vie de l’organisme.
D’après les observations astrophysiques récentes, l’espace dans notre horizon observable n’est pas constant. Intuitivement, on pourrait supposer que la distance est intimement liée à la limite changeante du « bord visible de l’univers ». Pourtant, nous continuons de nous fier à des modèles standardisés dans nos mesures, et à nos yeux, tout cela paraît statique et immuable. Cela soulève une question essentielle : la distance est-elle vraiment constante, ou ne l’est-elle qu’en termes de mesure et de perception ?
Néanmoins, l’espace et la distance sont de même nature. La différence entre eux réside surtout dans la perspective : la distance est une construction artificielle, inventée et utilisée par l’humanité, tandis que l’espace est une réalité physique. Et la distance n’est qu’un outil (parmi d’autres) employé par l’homme dans ses efforts parfois dérisoires pour saisir l’univers.
Faisons une simple reconstitution d’une journée ordinaire, comme le ferait un véritable détective. Il est maintenant midi, le 1er décembre 1972 (ou 3072, ce qui, en réalité, n’aura aucune importance tant que l’humanité existera comme espèce biologique). J’ai bien dormi et me suis réveillé de bonne humeur. En me levant du lit, j’ai touché du pied droit une pantoufle — je les laisse toujours exactement au centre et sous le bord du lit. Dans ce court fragment, on peut remarquer plusieurs faits intéressants auxquels nous ne pensons presque jamais.
Le réveil est le processus par lequel nous revenons d’un autre état de conscience à la perception de notre position physique et de ce qui se passe autour de nous. Ensuite, entre en scène notre mécanisme de traitement de la mémoire, qui restaure des schémas associatifs à long terme orientés vers les objets : lit, pantoufles, emplacement, chambre, fonctions des objets. Enfin, un troisième mécanisme gère nos interactions physiques avec les objets extérieurs et la mobilité de notre propre corps.
En ce qui concerne notre propre corps (élément fondamental du système), nous utilisons inconsciemment nos récepteurs comme des outils pour sonder et répondre aux stimulations de toute action que nous entreprenons, selon le système de schémas mémoriels mentionné plus haut. Et lorsque nous nous souvenons avoir touché la pantoufle avec notre jambe droite, cela signifie que nous savons approximativement où se trouve notre corps ; cette conscience nous fournit un point d’appui pour déplacer et orienter notre corps de façon à permettre à la jambe d’atteindre la pantoufle. Nous savons comment manipuler notre outil (la jambe) parce que nous connaissons précisément ses paramètres d’action dans l’espace. Dès cet instant, ces paramètres deviennent la position de départ des mesures inconscientes de la distance.
Puis je marche jusqu’à la salle de bain pour rendre visite à mon vieil ami, le pot de nuit — il faut se dépêcher si je veux que mes sous-vêtements restent secs. Le timing... Comment sais-je combien de temps prendra le trajet jusqu’à la salle de bain, l’ouverture de la porte, et toutes les actions complexes nécessaires pour arriver à temps à l’appareil désiré, qui m’évitera de transformer mes sous-vêtements en chiffon humide ? Reconstituons la chaîne d’événements que nous effectuons inconsciemment pour atteindre ce résultat souhaité.
Lorsque nous nous levons, mettons nos pantoufles, marchons vers la porte de la salle de bain (quelques pas sont nécessaires) et savons exactement où nous arrêter et quelle jambe positionner pour tendre le bras et appuyer sur la poignée, nous faisons preuve d’une conscience précise des paramètres de notre corps. Grâce à notre expérience de vie, nous connaissons la distance moyenne d’un pas, et selon l’action à effectuer, nous ajustons la longueur de nos pas. Le paramètre de base est donc notre mécanisme de schémas internes, recalculant la longueur de nos jambes pour préconstruire la longueur de pas nécessaire. Lorsque je m’arrête et tends le bras, notre mécanisme suit le même principe, en préconstruisant les paramètres de ma main.
À partir de ces exemples, nous pouvons tirer certaines conclusions sur la façon dont nous nous orientons dans l’espace, grâce à des algorithmes façonnés par l’évolution. Nous pouvons même y voir l’origine naturelle de la standardisation des objets dédiés et de l’application de ces standards à la réalité environnante.
Les distances et les mesures dans l’application humaine
Préface, ou pourquoi la standardisation est précieuse
Comme chacun le sait, la communication entre les créatures sociales est d’une importance vitale pour leur stratégie de survie. Et son objectif principal reste la survie de l’individu. C’est un axiome évolutif que nous ne discuterons pas ici. Cependant, les auteurs ont jugé nécessaire de rappeler certains faits en préambule.
Les entomologistes nous apprennent que les danses des abeilles servent à échanger des informations (ou à partager des données essentielles) sur l’emplacement des fleurs comestibles en abondance. Ce rituel dansé implique des mouvements d’un côté à l’autre, des pauses de suspension, et chaque mouvement transmet des informations sur la direction à suivre, la durée du vol jusqu’au lieu désiré et la nature de la ressource, telle qu’indiquée par la danseuse elle-même.
Dans l’exemple fourni (lien vers la source, voir « Communication des abeilles – En savoir plus » sous le paragraphe), on peut remarquer que la danse comporte des éléments pouvant être interprétés comme standardisés — durée des pauses, mouvements directionnels, etc. Le fait que la colonie comprenne ces signaux conduit à conclure que ce comportement est absolument inévitable parmi les créatures sociales.
De manière analogue, dans la vie sociale humaine, les notions de distance, de direction et d’autres éléments d’orientation émergent dès qu’une communauté est formée. Nous avançons que seule l’humanité possède un outil de communication tel que le langage, et c’est là notre avantage distinctif qui différencie l’espèce humaine de toutes les autres (laissons de côté ici la question de la parole). Cette observation conduit logiquement à penser que nous sommes toujours capables d’organiser toutes les affaires importantes et socialement significatives.
Ainsi, en tenant compte de ce qui précède, nous pouvons maintenant examiner les méthodes par lesquelles l’humanité a organisé les distances et leurs mesures à travers les cultures et dans une perspective historique, afin de saisir pleinement le sujet que nous explorons ici...
Inconnu et indéfini, mais l’humanité y appartient
Avez-vous déjà entendu parler de l’os d’Ishango, ou de la date de 20 000 av. J.-C. ?
En 1950, le géologue et anthropologue belge Jean de Heinzelin de Braucourt mit au jour l’os d’Ishango lors de fouilles près de la rivière Semliki, non loin du lac Édouard, à la frontière entre l’actuelle Ouganda et la République démocratique du Congo. L’os mesure environ 10 cm de long et serait une fibula provenant d’un babouin ou d’un autre grand mammifère. Il est conservé à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique à Bruxelles.
L’os d’Ishango a fait l’objet de nombreuses recherches et interprétations. Certains chercheurs suggèrent que les encoches sur l’os représentent des opérations arithmétiques primitives, révélant une possible connaissance des nombres premiers et des fonctions arithmétiques de base. Des examens microscopiques ont conduit à l’hypothèse que ces marques pourraient correspondre à un calendrier lunaire, utilisé pour suivre les phases de la Lune. D’autres études avancent que les encoches reflètent un système de comptage en base 12, avec des sous-bases de 3 et 4, suggérant une compréhension numérique complexe. Une étude de 2025 a identifié des motifs structuraux dans les encoches, révélant des sommes répétitives et des structures de paires dualistes, témoignant d’une intention mathématique élaborée. L’os d’Ishango est considéré comme l’un des plus anciens artefacts mathématiques connus, offrant un aperçu des pratiques cognitives et culturelles des sociétés préhistoriques. Son étude continue d’apporter des perspectives précieuses sur les débuts de la numération et de la pensée symbolique humaine.
En supposant l’usage de cet artefact, nous ne pouvons que spéculer sur son utilisation directe, mais les marques et la logique de sa structure positionnelle suggèrent qu’une certaine forme de standardisation métrique relative doit raisonnablement être envisagée parmi les autres hypothèses...
Ensuite, nous guiderons notre honorable lecteur à travers la chaîne des principales civilisations anciennes bien connues et proposerons des généralisations avant de plonger dans la période médiévale de la standardisation des longueurs...
Mesures à travers les cultures du monde...
Dans une approche communément admise, et pour la commodité du lecteur, cette section présente une vue d’ensemble des différents groupes culturels issus des époques dites anciennes et de leurs normes de mesure de la longueur. Nous parcourrons les continents les uns après les autres, en énumérant les principales sociétés connues qui sont bien représentées dans les découvertes archéologiques et dont les travaux des chercheurs ont contribué à enrichir la base de connaissances de l’humanité...
Continent africain.
Nabta Playa, ou les preuves directes de mesures utilisées, mais dont les unités demeurent indéfinissables...
- À propos de la culture
- Résumé scientifique
- Un système métrique existait-il ?
Nabta Playa est une vaste cuvette aride (playa) située dans le désert nubien, au sud de l’Égypte, qui était périodiquement remplie d’eau et habitable au début et au milieu de l’Holocène. L’occupation archéologique commence au début de l’Holocène et s’intensifie entre les VIIe et Ve millénaires av. J.-C. (les datations radiocarbone des différents ensembles s’échelonnent approximativement de 7500 à 4500 av. J.-C., selon les structures étudiées). L’environnement soutenait alors des lacs, des puits et des pâturages qui attiraient des groupes saisonniers ou semi-sédentaires.
Les données montrent l’existence de campements saisonniers organisés et, plus tard, de structures plus permanentes de type village, dotées de puits qui contenaient de l’eau toute l’année. Les moyens de subsistance incluaient la cueillette de plantes sauvages et, de plus en plus au milieu de l’Holocène, le pastoralisme (la présence de bovins domestiques, de chèvres et de moutons est attestée), ainsi qu’une possible culture ou gestion de plantes comme le millet ou le sorgho. La présence de grands foyers, de poteries et d’outillages variés indique une occupation complexe, répétée et organisée autour d’activités de transformation alimentaire.
Les archéologues ont documenté des tumulus (buttes funéraires), des pierres taillées ou sculptées, des poteries (souvent décorées dans les phases tardives), des foyers, des puits profonds, ainsi que des alignements de pierres ou cromlechs (cercles mégalithiques). Les sépultures de bovins (enterrées rituellement dans des chambres tapissées d’argile) sont une caractéristique marquante de certaines phases, soulignant l’importance symbolique du bétail dans la culture locale.
Le site comporte des alignements de pierres et un « cercle-calendrier » (un anneau de pierres dressées par paires avec des dalles internes verticales). Plusieurs chercheurs interprètent certaines orientations mégalithiques comme pointant vers le lever du soleil au solstice d’été et vers des étoiles brillantes — autrement dit, le site pourrait témoigner d’une pratique archaeoastronomique précoce utilisée pour marquer les saisons, importante pour les pasteurs suivant les cycles des pluies. Cependant, la précision et la fonction exacte restent débattues ; de nombreux spécialistes soulignent que, même si les alignements semblent plausibles, leur exactitude calendaire et leur signification symbolique demeurent interprétatives.
Il n’existe aucune unité de mesure standardisée directement attestée à Nabta Playa. Ce que l’on possède, ce sont des analyses géométriques et dimensionnelles des structures mégalithiques, ainsi que des hypothèses spéculatives selon lesquelles les schémas d’agencement refléteraient des principes de mesure implicites. Ces propositions vont des plus prudentes (relations géométriques et de disposition) aux plus spéculatives (unités numériques explicites ou « échelles stellaires »). Ci-dessous, nous résumons les principales positions et les arguments qui les soutiennent ou les contredisent.
Certains chercheurs (par ex. Shatalov, Haynie et d’autres spécialistes en géométrie analytique) ont suggéré que le cercle de pierres suit des relations géométriques dimensionnelles répétitives — c’est-à-dire des rapports de longueur et d’angle récurrents — qui pourraient traduire un concept pratique de mesure (pour la planification, l’alignement des monuments ou la détermination des positions saisonnières). Il s’agit d’interprétations mathématiques et architecturales fondées sur les distances mesurées entre les pierres et leurs angles relatifs. Elles ne prouvent pas l’existence d’une unité nommée comme « le pied de Nabta », mais elles laissent entrevoir une intention de structuration délibérée.
Un petit nombre d’auteurs (non issus du courant archéologique principal) ont avancé des hypothèses plus exotiques — par exemple, que les pierres coderaient des distances stellaires précises ou une échelle astronomique avancée à longue portée (l’idée du « plan stellaire / échelle de distance » de Brophy en est un exemple marquant). Ces thèses ne sont pas acceptées par la communauté archéologique et astronomique classique, car elles reposent sur des mesures sélectives, des corrélations contestées et des intentions supposées non démontrées sur le terrain. Les réfutations scientifiques insistent sur le fait que ces résultats ne sont pas solides, compte tenu des incertitudes de datation et des biais d’interprétation et de mesure.
Merimde Beni Salama (communément appelée Merimde) datée de 5000 av. J.-C. — Unités de mesure spéculatives...
- À propos de la culture
- Archéologie : faits et hypothèses
- Découvertes initiales
- Analyse complexe du Néolithique de l’Ancien Monde et du bassin méditerranéen
Merimde Beni Salama (souvent appelée simplement Merimde) est située dans le delta occidental du Nil. L’occupation du site remonte principalement à la fin du VIe et au début du Ve millénaire av. J.-C. (~5000 av. J.-C.), durant la période néolithique. Ce site représente l’une des premières cultures villageoises sédentaires du delta du Nil, contemporaine de Bouto et d’autres cultures prédynastiques.
Les preuves archéologiques montrent l’existence de villages permanents composés de maisons rectangulaires en clayonnage et torchis. La subsistance était principalement agricole, reposant sur la culture de l’épeautre, de l’orge et de légumineuses. L’élevage comprenait des bovins, des moutons, des chèvres et probablement des porcs. La pêche et la chasse d’oiseaux complétaient le régime alimentaire grâce à la proximité des zones humides du Nil.
Les sépultures découvertes à Merimde montrent des inhumations en position fléchie, parfois accompagnées d’objets funéraires, suggérant l’émergence d’une stratification sociale. L’échelle de l’établissement et la planification de l’habitat impliquent une certaine forme de gestion communautaire coordonnée.
Merimde représente une communauté sédentaire précoce et stable dans le delta du Nil, illustrant les innovations néolithiques : agriculture, élevage d’animaux domestiques, planification des établissements. Ces innovations ont posé les bases du développement culturel prédynastique égyptien ultérieur.
Aucun système métrique standardisé n’a été découvert à Merimde ; cependant, les archéologues ont enregistré les dimensions des habitations, des foyers et des fosses de stockage, permettant de reconstituer des modules de construction approximatifs. Les mesures suggèrent des proportions cohérentes — par exemple, des maisons d’environ 4 à 5 m de large — mais ces proportions semblent davantage pratiques que formalisées.
Certains chercheurs suggèrent que les plans de construction reflètent des unités répétées (peut-être basées sur le pas ou la longueur de corde). Aucun artefact tel que des règles, des baguettes graduées ou des inscriptions n’a été retrouvé, rendant toute proposition d’unité purement hypothétique.
On peut supposer que les mesures utilisées dans cette culture étaient fondées sur des références humaines (envergure des bras, pas ou foulée) appliquées de manière cohérente dans la construction locale.
Le site fut identifié pour la première fois par Hermann Junker lors de son expédition dans le delta occidental en 1928. Les fouilles, menées de 1929 à 1939, ont mis au jour des structures domestiques, des outils lithiques et des restes fauniques.
Ces dernières années, les recherches sur la néolithisation de l’Europe et de l’Afrique du Nord se sont intensifiées, en particulier sur le processus par lequel différentes communautés ont adopté de nouvelles stratégies de production alimentaire. L’introduction de nouvelles technologies, méthodes et théories a permis d’affiner la chronologie des transformations économiques, d’analyser les types d’aliments consommés et de comprendre les raisons sous-jacentes à ces changements.
Cultures du Tassili n’Ajjer, Sahara — ou les efforts continus pour découvrir des preuves d’unités de longueur...
- À propos de la culture, et la période bovidéenne ou pastorale (6000 - 4000 av. J.-C.)
- Unités de longueur...?
Au cours de cette période, le Sahara a connu une aridification progressive, entraînant la disparition progressive de la grande faune sauvage et l’apparition d’animaux domestiques tels que les bovins, les moutons et les chèvres. L’art rupestre de cette époque illustre avec vivacité ces transitions, représentant des scènes de vie pastorale, des troupeaux domestiqués et des figures humaines engagées dans les activités quotidiennes. Notamment, la célèbre « Femme aux cornes courbées », peinture emblématique de cette période, montre une figure féminine ornée de cornes de taureau, symbole de fertilité et de l’intégration du bétail dans les sociétés sahariennes.
Les découvertes archéologiques de la région — habitats, tumulus et enceintes — ont livré une abondante céramique, apportant un contexte supplémentaire à l’art rupestre. Ces artefacts révèlent une société complexe dotée de pratiques culturelles et de structures sociales développées. La présence d’éléments architecturaux dans les représentations, tels que des tentes et des enclos, indique une compréhension en évolution de l’espace et de l’organisation communautaire.
Bien qu’aucune preuve directe d’un système de mesure standardisé (comme des unités de longueur ou de volume) ne soit attestée pour la période bovidéenne, l’art rupestre fournit des indices indirects sur l’organisation spatiale et l’échelle des sociétés préhistoriques. Les représentations de figures humaines, d’animaux et d’éléments architecturaux témoignent d’une compréhension des proportions et des relations spatiales. Certains chercheurs ont examiné les proportions des figures humaines et animales représentées ; l’usage constant de certains rapports suggère une perception intuitive des relations proportionnelles pouvant constituer une forme rudimentaire de mesure. Par exemple, des récipients d’une circonférence d’un « coudée royale » pouvaient contenir environ une demi-« hekat » de liquide, indiquant un système précoce de mesure volumétrique. L’organisation spatiale des établissements et des enclos, déduite des découvertes archéologiques, laisse supposer une connaissance des dimensions et des rapports d’espace, et donc l’usage éventuel d’unités de mesure informelles.
Culture de Gobero, Sahara méridional...
- À propos de la culture
- Mesures à Gobero...
Le site se situe à proximité de ce qui fut autrefois un paléolac (le lac Gobero), d’environ 3 km de diamètre durant les périodes humides. La géologie comprend des paléodunes (anciennes dunes de sable), des dépôts lacustres et une crête de faille dans le grès d’âge dinosaure sous-jacent, expliquant un apport en eau parfois indépendant des précipitations. Plus largement, Gobero se trouve dans le sud du Sahara, au Niger, sur la bordure occidentale du désert du Ténéré.
On y a découvert environ 182 sites funéraires, dont 67 ont été fouillés dans les premiers rapports. Les premières sépultures (période Kiffienne) présentent des corps fortement repliés (genoux contre la poitrine, etc.).
D’un point de vue anthropologique, la culture peut être décrite à travers les artefacts exhumés : poteries, perles, objets en ivoire et en os, harpons, hameçons, etc.
Les recherches archéologiques concluent que les activités principales de la population locale étaient la pêche (tilapia, perche du Nil, poisson-chat), l’exploitation de la faune aquatique (tortues, crocodiles), la chasse à la faune de savane, la cueillette de ressources végétales et la fabrication d’outils (en pierre ou en os). Durant la phase ténérienne, certaines preuves d’élevage ou de domestication d’animaux apparaissent, bien que ce ne soit pas un trait dominant dans tous les dépôts.
Les auteurs doivent préciser qu’aucune preuve directe de l’existence d’unités de mesure n’a été trouvée dans cette culture. En d’autres termes, bien que Gobero soit abondamment documenté, le registre archéologique ne montre aucun indice d’un système formel ou standardisé d’unités de longueur (comme le « pied » ou la « coudée »). Les points suivants étayent cette observation.
Aucune règle, tige graduée ni artefact comportant des marques linéaires n’a été signalé dans la littérature publiée à ce jour. Les rapports archéologiques n’ont pas identifié de modules architecturaux répétitifs (murs, bâtiments, enclos) pouvant indiquer l’usage d’unités formelles de mesure. Les données de taille issues des dépôts (hauteur des squelettes, dimensions des outils, etc.) ne constituent pas la preuve d’un standard culturel — elles semblent refléter des besoins individuels ou fonctionnels.
Cependant, nous avançons ici nos propres hypothèses...
La taille des individus, les dimensions des outils et des récipients, ou les distances parcourues (autour du lac) pouvaient être normalisées de manière empirique, sans système formel. Par exemple, la mesure des poissons, des hameçons ou la constance dans la longueur de certains outils pourrait refléter une « règle pratique ». Si plusieurs instruments (lames, haches, manches) présentent des dimensions similaires, cela suggère une tradition artisanale fondée sur des préférences de proportions — une sorte de proto-unité. Toutefois, les études publiées s’attachent davantage à la typologie des outils qu’à leur standardisation métrique. L’organisation spatiale des sépultures, des habitations et des dépôts autour du lac et des dunes pourrait révéler une planification, mais rien n’indique encore l’usage d’unités de mesure. Les formes de poteries (jarres, bols) et leurs décors répétitifs sont documentés, mais rien ne prouve l’existence d’une standardisation des volumes ou des dimensions.
Transition culturelle de la préhistoire africaine vers Sumer et l'Égypte, ou la grande voie migratoire
L’approche répandue consistant à étayer toute affirmation par des annonces du type « La Royal Society britannique découvre que les sous-vêtements mouillés sont le signe du génie » n’est pas la nôtre. Lorsque certains points doivent être exposés, notre lecteur attentif devra faire preuve de patience et être prêt à examiner les arguments qui accompagnent les déclarations présentées dans cet article.
Pour être juste, l’anthropologie moderne admet généralement l’hypothèse d’un itinéraire migratoire humain depuis le continent africain. Plutôt que de s’appuyer sur des formules telles que « Une société découvre », cette hypothèse repose non seulement sur des déclarations, mais aussi sur de nombreuses preuves archéologiques (voir le lien ci-dessous : « Grande voie migratoire… voir plus »).
Dans ce chapitre, nous examinerons l’évolution des systèmes de mesure. Il est donc logique de parcourir la région méditerranéenne, puis de revenir en Afrique avec la civilisation égyptienne, avant de poursuivre vers le royaume hébraïque.
Entre le Tigre et l’Euphrate, ou le berceau des civilisations
Ce chapitre est consacré au royaume sumérien. Nous y présentons brièvement les principales caractéristiques sociales et culturelles de cette civilisation, tandis qu’une analyse plus détaillée nous attend dans la section consacrée aux outils métrologiques de cette culture découverts à ce jour.
À propos de Sumer, ou ce que nous savons aujourd’hui...
La période généralement retenue par les chercheurs pour décrire la civilisation sumérienne, en tant que phénomène socio-culturel et historique, s’étend approximativement de 4500 à 1900 av. J.-C. En résumé, le territoire placé sous leur souveraineté correspond principalement au sud de la Mésopotamie (sud de l’Irak actuel), entre les fleuves Tigre et Euphrate. Dans la plupart des cas, les Sumériens sont considérés comme la première civilisation urbaine du monde, à qui l’on attribue les premiers développements de l’écriture (cunéiforme), des codes de lois, de l’irrigation et des cités-États organisées.
En termes simples, l’économie sumérienne reposait sur les surplus agricoles rendus possibles par l’irrigation, sur des réseaux commerciaux avec l’Anatolie, le golfe Persique et le Levant, ainsi que sur la spécialisation artisanale, incluant la métallurgie, la poterie et le tissage.
Tournons-nous maintenant vers la structure sociale. On peut raisonnablement se demander pourquoi nous incluons de telles informations supplémentaires, surtout lorsqu’un lecteur pourrait consulter cet article uniquement pour en savoir plus sur les unités de mesure utilisées par cette culture. En notre défense, il convient de souligner que sans compréhension du contexte culturel, tout artefact isolé est difficilement interprétable. Chaque artefact constitue une manifestation à partir de laquelle nous dérivons du sens, nous permettant ainsi de l’interpréter (dans le cadre de cet article) comme une unité de mesure.
Vous trouverez ci-dessous un tableau des artefacts archéologiques sumériens les plus importants, comprenant leur type, leur usage et leurs dates approximatives. Ce tableau est factuel et concis, adapté à la recherche scientifique.
| Artefact / Objet | Type | Fonction / Usage | Site de fouille | Date approx. (av. J.-C.) | Remarques / Importance |
|---|---|---|---|---|---|
| Tablettes comptables en argile | Administratif | Enregistrement des rations, impôts, échanges | Ur, Lagash, Girsu | 2100–2000 | Documentent les activités économiques ; essentielles pour les études métrologiques |
| Tablettes mathématiques | Éducatif / Administratif | Arithmétique, géométrie, métrologie | Ur, Nippur, Uruk | 2000–1800 | Montrent l’usage du système sexagésimal ; mesures de longueur, surface, volume |
| Pierres / poids d’équilibre | Poids normalisés | Commerce, taxation | Ur, Kish, Lagash | 2500–2000 | Base du sicle, de la mine, du talent ; standardisation du commerce |
| Coudées / baguettes de mesure | Mesure de longueur | Arpentage, construction | Ur, Nippur | 2500–2000 | Standardisation du nindan, du šu, du kush |
| Sceaux-cylindres | Administratif / Authentification | Contrats commerciaux, documents légaux | Ur, Uruk | 3000–2000 | Garantissaient l’authenticité des transactions ; utilisés pour la tenue des registres |
| Ziggourats | Religieux / Administratif | Temples, centres économiques | Ur (Ziggourat d’Ur), Uruk, Lagash | 2100–2000 | Les temples servaient de centres religieux et économiques |
| Bols / récipients de rationnement | Mesure de volume | Rations de céréales, bière, huile | Lagash, Girsu | 2100–2000 | Unités : sila, ban, gur ; preuves de métrologie économique |
| Inscriptions d’arpentage | Pierre / Argile | Délimitation, mesure de champs | Lagash, Girsu | 2500–2000 | Longueurs standard (nindan, šu) utilisées dans la répartition des terres |
| Tablettes astronomiques / calendaires | Observation | Mesure du temps, irrigation, fêtes | Nippur, Ur | 2000–1800 | Premières observations astronomiques ; planification pratique des ressources |
| Inscriptions royales / stèles | Politique / Religieux | Lois, actions, réalisations | Ur, Uruk, Lagash | 2600–2000 | Relatent les activités des rois ; contiennent parfois des mesures standardisées |
Chaque cité était un centre urbain autonome, généralement organisé autour d’une ziggourat, un immense complexe de temples dominant la ville. La ziggourat constituait non seulement le centre religieux, mais aussi le cœur administratif, où s’organisaient les activités économiques telles que le stockage, la répartition et la collecte des taxes. Autour du temple se trouvaient les palais des dirigeants, les demeures des élites, les marchés, les ateliers d’artisans et les quartiers résidentiels des citoyens ordinaires. Des canaux et réseaux d’irrigation reliaient la cité à ses terres agricoles environnantes.
Le roi exerçait l’autorité politique, religieuse et militaire. Il supervisait la défense de la ville, contrôlait la distribution des ressources et dirigeait les travaux publics tels que les canaux, les murailles et les temples. Les rois veillaient également à la standardisation des mesures, garantissant l’uniformité des unités de longueur, de volume et de poids à travers la cité et ses territoires. Parmi les rois célèbres figurent Gilgamesh d’Uruk, connu pour ses constructions monumentales et ses murailles, et Ur-Nammu d’Ur, célèbre pour avoir codifié la loi et ordonné la construction de ziggourats.
Le commerce dans les cités sumériennes était hautement organisé. Le commerce local et à longue distance concernait des biens tels que les céréales, l’huile, la bière, les textiles et les métaux. Les marchands utilisaient des poids et mesures standardisés pour assurer l’équité des échanges, tandis que les temples et palais géraient la taxation et la distribution des ressources. Les impôts pouvaient être payés en céréales, bétail, travail ou métaux précieux, et étaient soigneusement consignés sur des tablettes d’argile.
Les « scientifiques » sumériens étaient des spécialistes rattachés aux temples, appliquant leurs connaissances pratiques à l’administration, au commerce et à la construction. Nous pouvons subdiviser leur rôle en plusieurs catégories :
Scribes : tenaient les registres cunéiformes du commerce, des impôts, des terres et du travail. Ils étaient essentiels à l’application des mesures standardisées de longueur, de volume et de poids.
Mathématiciens : créaient des tables arithmétiques, des tables de multiplication et des calculs géométriques, soutenant la construction, la mesure des terres et la gestion économique.
Arpenteurs : mesuraient les champs, les canaux et les chantiers à l’aide de baguettes et d’unités standardisées (nindan, šu, kush). Leur travail garantissait une taxation équitable et des constructions précises.
Astronomes / Spécialistes du calendrier : observaient les corps célestes afin d’établir des calendriers lunaires déterminant les périodes d’irrigation et les fêtes religieuses.
Spécialistes du poids et du volume : standardisaient des unités telles que le sicle (à noter, une parenté linguistique avec la monnaie moderne d’Israël ?), la mine, le talent (poids) ainsi que le sila, le ban et le gur (volume), assurant l’uniformité du commerce et de la fiscalité.
| Catégorie | Unité / Élément | Approx. métrique | Subdivisions | Usage / Fonction | Preuve / Artéfact | Source / Référence |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Longueur | Ammatu (Coudée) | ~49,5 cm | 1 nindan = 12 ammatu | Construction, urbanisme, aménagement de canaux | Bâtons de mesure, plans architecturaux, briques | Kramer 1981; Postgate 1992 |
| Nindan (Perche) | ~5,94 m (≈ 12 coudées) | 1 nindan = 12 ammatu = 72 šu = 360 kush | Arpentage, constructions à grande échelle | Tiges standard en alliage de cuivre (Nippur), bornes | Civil 2000; Postgate 1992 | |
| Šu (Pied) | ~29,7 cm | 6 šu = 1 ammatu | Petite construction, artisanat | Briques, vestiges architecturaux | Civil 2000; Jacobsen 1960 | |
| Kush (Doigt) | ~1,65 cm | 30 kush = 1 ammatu | Mesures fines pour l’artisanat et l’arpentage | Bâtons d’argile marqués | Kramer 1981; Civil 2000 | |
| Beru (Double perche) | ~11,9 m (≈ 2 nindan) | 2 nindan | Mesures longues (routes, canaux) | Tablettes d’arpentage, bornes | Postgate 1992; Civil 2000 | |
| Volume | Sila | ~1 litre | Unité de base | Grain, bière, huile, rations | Vases en argile, tablettes de rationnement | Kramer 1981; Civil 2000 |
| Ban / Ban-gur | ~10 sila | 10 sila = 1 ban | Rations journalières, petites mesures de grain | Tablettes économiques, registres administratifs | Postgate 1992; Civil 2000 | |
| Gur | ~300 litres | 1 gur = 300 sila | Stockage des temples, impôts, vrac de grain | Tablettes d’Ur, Girsu, Uruk | Kramer 1981; Jacobsen 1960 | |
| Cube de nindan | Dérivé des unités de longueur | – | Calcul de volume, construction | Modèles en argile, jarres de stockage | Civil 2000 | |
| Poids | Shekel | ~8,33 g | Unité de base | Pesée de l’argent, commerce, impôts | Poids en pierre, balances | Kramer 1981; Civil 2000 |
| Mina | ~500 g | 60 shekels = 1 mina | Commerce, fiscalité | Poids, pierres d’équilibrage | Postgate 1992 | |
| Talent | ~30 kg | 60 minas = 1 talent | Commerce à grande échelle, métaux, offrandes | Poids en pierre, tablettes | Civil 2000; Jacobsen 1960 | |
| Mathématiques / Calculs | Arithmétique | – | – | Addition, soustraction, multiplication, division | Tablettes d’argile, textes comptables | Robson 2008; Kramer 1981 |
| Géométrie | – | – | Arpentage, construction de canaux, plans de temples | Tablettes de mesure, plans architecturaux | Postgate 1992; Civil 2000 | |
| Problèmes / Algèbre | – | – | Distribution du travail, rations, contrats | Tablettes d’Ur III, tablettes d’exercices | Robson 2008 | |
| Système sexagésimal | Base-60 | – | Astronomie, mesure du temps, fractions, comptabilité | Tablettes numériques, archives astronomiques | Friberg 2005; Civil 2000 | |
| Astronomie / Calendrier | – | – | Calendriers lunaires, irrigation, fêtes | Tablettes d’observation | Kramer 1981; Postgate 1992 |
Unités de mesure (Incroyable, à grande échelle, revenons à la longueur ?)
Les Sumériens ont développé un système de mesure à des fins pratiques telles que la construction, la répartition des terres et le commerce. Les preuves archéologiques proviennent de tablettes cunéiformes enregistrant des transactions, des travaux de construction et des relevés.
Concernant la longueur, les principales unités issues de sources déchiffrées sont : Coudée (nindan / šu-si) ≈ 49,5 cm, Pied (šu) ≈ 30 cm, Kush (doigt) ≈ 1/30 de nindan (comme mentionné précédemment).
Quant aux unités de volume, elles sont : Sila (unité du litre) ≈ 1 litre, Gur = 300 sila (utilisé pour le grain, la bière et l’huile).
Les unités de poids sont représentées par : Shekel ≈ 8,33 g, Mina = 60 shekels ≈ 500 g, Talent = 60 minas ≈ 30 kg.
Nous supposerons que toute discussion approfondie sur le contexte des phénomènes liés à l’expression socio-culturelle — tels de petits ruisseaux se jetant dans le lac des outils intra-sociétaux de communication personnelle et d’interaction — n’a pas lieu d’être ici. Cependant, puisque les unités de mesure appartiennent précisément à ce domaine des normes et des règles, une brève considération reste justifiée.
Le vieux Nil, ou l’Égypte et ses mesures
Le principal sujet de conversation au début du XXe siècle parmi les Européens était...?
Dans ce chapitre, nous tentons de découvrir le contexte culturel principal de la civilisation de l’Égypte ancienne, et le seul objectif de cette narration est d’immerger le lecteur dans l’univers de cette culture. C’est seulement ainsi que nous pourrons énumérer les mesures en tant qu’unités applicables et retracer leur évolution au sein d’autres cultures...
Asentamientos y grupos de habitantes a orillas del Nilo, o antes de los tiempos de los reinos de Egipto
Lamentablemente, no disponemos de pruebas claras relacionadas con los sitios protoegipcios, lo cual se explica razonablemente por las capas culturales posteriores, que borraron o mezclaron en gran medida los posibles artefactos que podrían haber revelado más información sobre estos grupos.
Sin embargo, basándonos en la lógica de la evolución de otras culturas similares, podemos afirmar con firmeza que existieron. Para no ser considerados autores sospechosos, señalamos que todo el contexto posterior de esta sección debe entenderse como una narración no demostrada, elaborada únicamente con fines explicativos, y destinada a mostrar al lector nuestro enfoque en la construcción de hipótesis cuando la ciencia carece de datos suficientes.
Los primeros egipcios vivían a lo largo del valle del Nilo, desde el Delta hasta el Alto Egipto. Las aldeas eran pequeñas (de cientos a unos pocos miles de personas), con casas de adobe agrupadas. Su economía se basaba en la agricultura irrigada (trigo, cebada, lino), complementada con la pesca, la caza y la ganadería. Algunas comunidades muestran especialización, por ejemplo, cementerios predinásticos con ajuares funerarios de alto estatus.
La estratificación en los primeros asentamientos, fenómeno natural en toda comunidad, se manifestó ya en aquella época y se reflejaba en la diversidad de bienes, el consumo familiar cotidiano y la riqueza de las tumbas con artefactos rituales. En cuanto a los objetos cosméticos u ornamentos, apenas podría suponerse su existencia, ya que estos suelen relacionarse más con funciones rituales que con el uso personal.
Villes, établissements et formation de l’État, bref aperçu...
Hiérakonpolis (Nekhen) : L’un des plus grands centres prédynastiques, doté de fonctions religieuses et administratives, de temples anciens et de tombes d’élite.
Abydos : Nécropole et centre rituel présentant des indices de commerce à longue distance et de sépultures centralisées.
Naqada : Centres régionaux avec ateliers de poterie et cimetières révélant une hiérarchie sociale marquée.
Les établissements étaient souvent regroupés le long des affluents du Nil, reflétant le contrôle de l’eau et des terres comme ressources essentielles.
Eh bien, on nous dit : inutile de nous presser. Voici venu le temps de la formation de l’État prédynastique et de l’évolution politique !
Vers 3100 av. J.-C., la Haute et la Basse-Égypte montrent des signes d’unification sous un seul souverain (traditionnellement Narmer/Ménès). Les conditions générales, historiquement définies comme nécessaires, étaient alors réunies : nécessité de contrôler les réseaux d’irrigation, défense contre les raids et incursions nomades, intégration économique (commerce, tribut), et concentration de l’autorité religieuse entre les mains d’un seul dirigeant (royauté et temples comme centres administratifs).
Plusieurs sites archéologiques témoignent de cette évolution vers l’État : la palette de Narmer (symbole rituel d’unification), les fortifications de Hiérakonpolis et de Tell el-Farkha, les tombes d’élite avec mobilier funéraire standardisé, ainsi que les premières formes d’écriture (étiquettes, marques) indiquant une gestion administrative.
L’Égypte, un territoire à cartographier dans son évolution vers l’État
Contexte
La culture badarienne (vers 5500–4000 av. J.-C.), située en Moyenne-Égypte autour de Badari (région d’Assiout), marque une étape précoce de sédentarisation agricole. Elle se distingue par l’existence de villages agricoles simples, une spécialisation artisanale encore rudimentaire et les premiers usages du cuivre, sans trace d’organisation politique constituée.
Cette période représente les fondations culturelles et économiques sur lesquelles se construiront les sociétés de la Haute-Égypte.
Période de transition
La période Naqada I (dite amratienne), centrée sur la Haute-Égypte (Naqada, Hiérakonpolis, Abydos), témoigne d’une hiérarchisation croissante des établissements, d’un essor du commerce à longue distance avec la Nubie, la mer Rouge et le Levant, et d’une production céramique typique à bords noirs. Les premières formes d’autorité apparaissent sous la forme de chefferies locales autonomes, étroitement liées entre elles.
En Basse-Égypte, la culture Maadi–Buto occupe le delta du Nil, autour de Maadi, Buto et Héliopolis. Les échanges y sont intenses, notamment avec le Levant méridional, comme en témoignent les céramiques cananéennes. Les villages demeurent modestes, avec une production artisanale plus simple que celle des centres du sud.
Consolidation politique (env. 3500–3200 av. J.-C.)
L’émergence d’une autorité centrale et la quête du pouvoir apparaissent comme des processus naturels de l’évolution sociale. Vers 3500–3200 av. J.-C., les cités de Haute-Égypte se développent vers le nord : les fouilles révèlent des cimetières d’élite (Hiérakonpolis HK6, Abydos U), des enceintes fortifiées et des structures proto-palaciales, ainsi que l’introduction de motifs d’inspiration mésopotamienne (façades à redans, scènes rituelles, représentations animales).
Plusieurs proto-royaumes jouent alors un rôle clé dans la formation de l’État égyptien : Abydos/Thinis (probable futur centre royal), Naqada (centre religieux et culturel), Hiérakonpolis (Nekhen, capitale rituelle et politique du sud) et Nubt (Ombos), un centre plus modeste. Chacun contrôle son territoire par des liens de parenté et de tribut. L’iconographie guerrière des palettes illustre une tendance nette à la centralisation du pouvoir.
La Haute-Égypte se consolide sous la domination de Thinis/Abydos et de Hiérakonpolis. On voit apparaître les symboles du pouvoir (Couronne blanche pour la Haute-Égypte, Couronne rouge pour la Basse-Égypte), les premiers hiéroglyphes (tombe U-j d’Abydos, étiquettes, jarres) et des systèmes de gestion administrative. Parmi les souverains de cette phase dite de la « dynastie 0 », on compte Scorpion I et II, Ka et Iry-Hor. Les régions du Nord, autour de Buto et Maadi, conservent encore une semi-autonomie avant leur intégration par les rois du Sud vers 3100 av. J.-C.
Les mesures dans l’Égypte ancienne
Unités de longueur
Les Égyptiens possédaient un système de mesure très développé, largement reconnu et standardisé. Il était étroitement lié à la structure sociale et à l’autorité institutionnelle, reflétant le contrôle centralisé d’un souverain unique qui dirigeait à la fois l’État et ses instruments administratifs.
Vous trouverez ci-dessous un tableau présentant les unités de longueur avec leurs équivalents approximatifs en mesures modernes. Par la suite, nous proposerons des explications complémentaires et quelques faits très intéressants — alors ne changez pas de section… !
| Unité | Égyptien / translittération | En unités plus petites ou relation | Valeur moderne approximative |
|---|---|---|---|
| Doigt / largeur de doigt | ḏbꜥ (parfois translittéré dbʿ, « doigt ») | unité de base (1) | ~ 1,875 cm (soit 0,01875 m) |
| Paume | šsp (shesep) | 4 unités de base | ~ 7,5 cm (0,075 m) |
| Main / largeur de main | ḏrt (souvent « main ») | 5 unités de base | ~ 9,38 cm (0,0938 m) |
| Poing | ḫfꜥ (ou ꜣmm) | 6 unités de base | ~ 11,25 cm (0,1125 m) |
| Petit shat / shat nḏs | šꜣt nḏs | 3 paumes (12 unités de base) | ~ 22,5 cm (0,225 m) |
| Grand shat / demi-coudée | šꜣt ꜥꜣ (pḏ nḥs / pḏ nꜣs) | 3,5 paumes (ou 14 unités de base) | ~ 26,2 cm (0,262 m) |
| Pied | ḏsr (souvent « pied » ou « bras plié ») | 4 paumes (16 unités de base) | ~ 30 cm (0,30 m) |
| Remen | rmn | 5 paumes (20 unités de base) | ~ 37,5 cm (0,375 m) |
| Petite / courte coudée (meh nḏs) | mḥ nḏs | 6 paumes (24 unités de base) | ~ 45 cm (0,45 m) |
| Coudée royale / sacrée | mḥ (souvent mḥ nswt pour « coudée royale ») | 7 paumes (28 unités de base) | ~ 52,3 – 52,5 cm (0,523–0,525 m) |
| Senu (double coudée royale) | - | 14 paumes (56 unités de base) | ~ 105 cm (1,05 m) |
| Khet (perche) | ḫt | 100 coudées | ~ 52,3 m (c.-à-d. 100 × coudée royale) |
| Cha-ta (« longueur de champ ») | - | ~ 10 khet (~ 1000 coudées) | ~ 520 m (variable selon la période ou la région) |
| Iteru | - | 20 000 coudées royales | ~ 10,5 km (10 500 m) |
Apparition des unités et principales applications
- Coudée royale (meh-nswt / mahe) - Ancien Empire, ~2700 av. J.-C. (pyramide à degrés de Djéser)
- Paumes, doigts (unités de base), phalanges (« shesep », « djebâ », etc.) - Période des premières dynasties / Ancien Empire (~début du IIIe millénaire av. J.-C.)
- Cordes à nœuds / ha‘t (cordes de mesure des terres) Moyen Empire, voire plus tôt, mais attesté clairement à partir du Moyen Empire (~2000–1800 av. J.-C.)
- Seked (mesure de la pente des faces de pyramides) Ancien Empire, Grande Pyramide (~2550 av. J.-C.), notamment celle de Khéops.
- Mesure des grandes distances / khet (100 coudées, etc.) Ancien Empire, utilisé pour la mesure des terres et en architecture ; baguettes, cordes, etc.
- Les mesures architecturales montrent l’usage de la coudée royale (~52,3–52,5 cm), subdivisée en 7 paumes × 4 unités de base.
- Les paumes = 4 doigts, visibles sur des règles de mesure et dans les plans architecturaux. La Pierre de Palerme mentionne la crue du Nil comme « 6 coudées et 1 paume » à l’époque des premières dynasties.
Utilisées pour mesurer les terres, effectuer des relevés, etc.
Le seked d’environ 5 paumes et 2 doigts est déduit des relevés modernes des faces de la pyramide.
Comparaisons entre les unités égyptiennes et sumériennes
- Les tailles des coudées sont similaires - Coudée royale égyptienne : ~52,3–52,5 cm ; coudée de Nippur sumérienne : ~51,8–52 cm.
- Sous-divisions - Les deux systèmes divisent la coudée en unités plus petites (paumes, doigts ou équivalents), selon des structures similaires.
- Utilisation de tiges / étalons physiques - Les deux civilisations disposaient de tiges ou de barres physiques servant de références de longueur : par exemple, la barre en alliage de cuivre de Nippur et les tiges de coudée égyptiennes retrouvées dans des tombes (comme celles de Maya ou de Kha).
- Chevauchement chronologique - Les deux systèmes sont attestés au IIIe millénaire avant notre ère : les étalons sumériens vers 2650 av. J.-C., la coudée royale égyptienne au début de l’Ancien Empire (~2700 av. J.-C.), etc.
- Échanges commerciaux et interactions culturelles - Des preuves montrent l’existence de réseaux commerciaux dans tout le Proche-Orient, qui auraient pu permettre la transmission d’idées relatives à la mesure. Les technologies de pesée, par exemple, révèlent des schémas de diffusion similaires : les systèmes de poids de l’âge du bronze présentent des équivalences en Eurasie occidentale.
- Ces valeurs pourraient refléter des développements indépendants basés sur les proportions du corps humain plutôt qu’un emprunt direct. La proximité géographique et les échanges commerciaux auraient pu favoriser une influence mutuelle, mais il n’existe que peu de preuves directes (textuelles ou archéologiques) d’un transfert.
- La structure exacte diffère toutefois : en Égypte, on trouve 7 paumes × 4 doigts = 28 doigts, tandis que la tige sumérienne comptait parfois 30 “doigts”. Les structures sont donc proches, mais pas identiques.
- Aucune preuve n’indique que les tiges égyptiennes soient des copies des modèles mésopotamiens (ou inversement). Les matériaux, les calibrations et les contextes d’usage diffèrent sensiblement.
- Ce chevauchement chronologique ne prouve pas une diffusion directe : la distance géographique et la nature des communications sont déterminantes. Aucun texte mésopotamien ne déclare explicitement “nous avons adopté la coudée égyptienne”, ni l’inverse.
- Cependant, les étalons de mesure précis tendent à rester locaux et résistants à l’influence extérieure, sauf en cas de domination politique ou économique. Beaucoup d’unités semblent avoir évolué de manière convergente (mesures basées sur le corps humain, cordes, tiges, etc.) plutôt que par emprunt direct.
Il est bien établi que les Égyptiens et les Sumériens utilisaient des unités de type coudée de longueurs comparables et recouraient à des étalons physiques dès le IIIe millénaire av. J.-C. La coudée royale égyptienne et la coudée sumérienne sont proches en valeur (≈52 cm contre ≈51,8 cm), ce qui suggère une base anthropométrique commune (longueur de l’avant-bras, etc.). Cependant, aucune preuve concluante n’indique un emprunt direct d’un système à l’autre. Pour d’autres types d’unités (surface, volume, poids), on observe davantage de développement indépendant, tout en notant une tendance ultérieure à la normalisation sous l’influence des pratiques du Proche-Orient ancien. Dans certains cas, les systèmes de mesure montrent une diffusion d’idées (usage de poids, de balances, de marchandises étalonnées, etc.), mais les équivalences exactes et les calibrations demeurent généralement locales ou adaptées, plutôt que copiées intégralement.
La Grèce antique, ou la diversité dans la similitude...
C’est une question très intéressante : comment des choses si différentes par leur nature et leurs objectifs peuvent-elles, à première vue, sembler si semblables dans leurs formes ?... Comme vous l’avez deviné, nous consacrons ce chapitre aux cités grecques (poleis) et à leurs systèmes de mesure.
Le lecteur ordinaire trouve souvent la compréhension de la cité-État grecque plutôt floue. Cette imprécision provient d’une habitude de pensée bien ancrée : celle de vouloir ramener toutes choses abstraites à des définitions familières, dans le but d’établir un modèle comparatif qui s’aligne confortablement sur un schéma déjà connu. Mais une telle généralisation conduit parfois à des erreurs d’interprétation que les scientifiques qualifient d’erreurs méthodologiques fondamentales.
Pour une perception plus juste, établissons quelques définitions de base. L’État, à l’époque de la Grèce antique, ne peut pas être compris dans le même sens que celui d’un État moderne. Il faut plutôt le concevoir comme une sorte de micro-empire, où la cité servait de métropole et les territoires voisins, de colonies placées sous sa protection. Cette structure influençait également la société : les citoyens de la cité possédaient des droits (selon leur statut social), tandis que les habitants des territoires protégés devaient obéir aux lois de la polis sans pour autant bénéficier de droits au sein de la communauté civique. Cette analogie décrit assez fidèlement la réalité de la polis en tant qu’État.
On remarque alors un trait frappant : lorsqu’une entité prend conscience de son propre pouvoir et qu’elle s’autorégule efficacement, il est rare qu’elle manifeste le désir de partager autorité, pouvoir ou droits. C’est l’une des raisons pour lesquelles les poleis sont restées indépendantes dans leur organisation politique et n’ont jamais formé un État unifié, comme ce fut le cas de l’Égypte — bien que les conditions initiales de l’Égypte prédynastique aient, sous bien des aspects, été proches de celles de la Grèce antique.
La curiosité de la stéréotypisation, ou chaque polis avec son propre système de mesure
Aussi surprenant que cela puisse paraître à notre honorable lecteur, chaque polis possédait ses propres unités de mesure. Et l’on pourrait raisonnablement objecter qu’il existait un commerce développé et des échanges constants entre les cités, ce qui aurait dû nécessiter une unification. On pourrait en dire autant des Jeux olympiques, où la distance, le poids et le volume devaient logiquement être standardisés.
Dans de tels cas, l’humanité dispose d’un outil remarquable — peut-être le connaissez-vous — nous l’appelons le langage. Nous le mentionnons ici non pas comme une simple belle métaphore, mais comme un rappel de la thèse que nous avons énoncée plus haut. Et en lien avec cette fausse tendance à la schématisation, voici l’erreur : tout comme aujourd’hui les pays voisins ne partagent pas nécessairement une langue commune, il est illusoire d’attendre une unification des unités de mesure entre les cités-États grecques antiques...
Les auteurs ont décidé d'intégrer une brève revue de l'évolution de la région grecque
Crète minoenne (influence pré-grecque / grecque ancienne)
Centres majeurs : Knossos, Phaistos, Malia. La structure à cette époque se présentait comme des sociétés complexes centrées sur les palais, et non comme des « cités-États » au sens classique du terme. Autorité économique, religieuse et administrative centralisée. Les sources nous fournissent des données métrologiques : linéaire : la coudée minoenne ≈ 0,523 m (estimée à partir de l'architecture des palais et des récipients de stockage) ; volume : unités standardisées déduites des jarres de stockage (amphores, pithoi).
Période : 3000–1450 av. J.-C.
Grèce mycénienne (Âge du bronze tardif)
Centres majeurs : Mycènes, Pylos, Tirynthe, Thèbes.
Caractéristiques : autorité centralisée autour des palais ; système de taxation et de collecte des ressources centralisé, proto-bureaucratique. Unités de mesure : linéaire : estimations suggérant une coudée d’environ 0,46–0,50 m, basée sur les vestiges architecturaux. Superficie : terres mesurées en plethres (terme ultérieur grec, déduit des tablettes en linéaire B).
Les cités grecques archaïques
Principales cités-États : Athènes, Sparte, Corinthe, Mégare, Argos.
Période : 800–500 av. J.-C.
Structure de l’État : Athènes : monarchie → aristocratie → système des archontes → fondements de la démocratie ; Sparte : double royauté + Gérousie (conseil des anciens) + Apella (assemblée des citoyens). Chaque polis possédait sa propre organisation politique, ses lois et sa monnaie.
Unités de mesure : longueur : pied grec (pous) ~0,308–0,312 m (variations régionales) ; coudée (pechys) : ~0,462–0,468 m ; stade (stadion) : ~600 pieds ≈ 180–185 m (utilisé pour l’athlétisme, les exercices militaires et la mesure des terres).
| Unité | Approximation métrique | Remarques / Utilisation |
|---|---|---|
| Pous (pied) | 0,308–0,312 m | Mesure linéaire courante dans les cités classiques |
| Pechys (coudée) | 0,462–0,468 m | Construction, mesures linéaires plus grandes |
| Stadion | 180–185 m | Athlétisme, arpentage, marches militaires |
| Plethron | ~100 m² | Surface de terrain |
| Choenix | ~1,08 L | Mesure de grain |
| Drachme | ~4,3 g d'argent | Poids et monnaie |
Nous avions promis...
- Mesures à Athènes
- Sparte
- Corinthe
- Delphes / Phocide (sanctuaire et polis régionale)
- Syracuse (colonie grecque en Sicile)
- Résumé.
Unités linéaires : Pous (pied) : 0,308 m ; Pechys (coudée) : 0,462 m (~1,5 pous) ; Stadion : 600 pieds ≈ 184,8 m.
Unités de surface : Plethron : ~100 m² (utilisé pour le partage des terres) ; Stremma (usage postérieur, d’origine romaine/byzantine) : 1000 m².
Unités de volume : Choenix : 1,08 L (grain) ; Metretes : ~39 L (mesure de liquides).
Unités de poids : Drachme (monnaie d’argent, standard de poids) : ~4,3 g ; Talent : 26 kg d’argent.
Unités linéaires : Pous : 0,308–0,310 m ; Pechys : 0,462 m ; Stadion : ~180 m (utilisé pour l’entraînement militaire et gymnique).
Unités de surface : Plethron : ~100 m².
Unités de volume : Choenix : 1,08 L ; Kyathos : ~0,03 L (petites mesures pour les liquides).
Unités de poids : Drachme : ~4,3 g ; Obole : ~0,72 g (1/6 de drachme).
Unités linéaires : Pous : 0,308–0,310 m ; Pechys : 0,462 m ; Stadion : 180–182 m.
Unités de surface : Plethron : ~100 m².
Unités de volume : Choenix : ~1,08 L ; Metretes : ~39 L.
Unités de poids : Drachme : 4,3 g ; Obole : 0,72 g ; Talent : 26 kg.
Unités linéaires : Pous : 0,308 m ; Pechys : 0,462 m.
Unités de surface : Plethron : 100 m² (terres du temple, enclos sacrés).
Unités de volume : Choenix : 1,08 L ; Metretes : 39 L.
Unités de poids : Drachme : 4,3 g ; Obole : 0,72 g.
Unités linéaires : Pous : 0,303–0,308 m (légèrement plus court qu’en Grèce continentale) ; Pechys : 0,462 m ; Stadion : ~180 m.
Unités de surface : Plethron : 100 m².
Unités de volume : Choenix : 1,08 L ; Metretes : 39 L.
Unités de poids : Drachme : 4,3 g ; Obole : 0,72 g ; Talent : 26–27 kg (variation locale).
Comme le montre la liste des unités, les différences se situent principalement dans les valeurs métriques.
Suffixation par polis : les unités portaient souvent le nom de la cité dans les inscriptions ou sur les monnaies (par ex. drachma syrakousios, pous athénaion).
Variations régionales : même lorsque le nom de l’unité restait le même, sa valeur métrique pouvait différer légèrement (pied athénien 0,308 m contre pied syracusien 0,303 m).
Unités spécialisées : certaines cités possédaient des unités locales supplémentaires pour la construction, le commerce ou les usages religieux (ex. megalos pechys pour les constructions de temples).
La culture grecque (plus précisément hellénique) a profondément influencé la science et la philosophie mondiales, mais cet impact s’est pleinement manifesté plus tard. Le premier grand élan culturel s’est fait entendre lors des conquêtes d’Alexandre le Grand, période toutefois très brève. Les processus d’échanges culturels exigent en général un long intervalle de temps, car ils évoluent progressivement plutôt que par mise en œuvre instantanée.
Si l’on considère la prospérité de Rome durant sa période impériale, l’influence hellénistique y est indéniablement perceptible, s’étendant largement à travers l’État romain évoqué ici. À son tour, cette influence s’est diffusée dans toutes les cultures et territoires soumis à l’Empire romain.
La fin progressive de la civilisation hellénistique commença avec la destruction du concept d’indépendance des cités-États, initiée sous Philippe II de Macédoine (père d’Alexandre le Grand).
La période antérieure à Philippe II peut être considérée comme un préambule historique, et afin d’offrir au lecteur une vue d’ensemble panoramique, les auteurs proposent ici quelques observations historiques.
L’affaiblissement interne des poleis fut provoqué par des événements tels que la guerre du Péloponnèse (431–404 av. J.-C.), la montée de Thèbes au IVe siècle av. J.-C. (domination temporaire sous Épaminondas après le déclin spartiate, sans unification durable), et la fragmentation politique : la plupart des cités, constamment en guerre les unes contre les autres, devinrent incapables de se défendre collectivement.
Ce déclin se poursuivit avec les conquêtes macédoniennes : Philippe II imposa progressivement son hégémonie sur les cités grecques par la diplomatie et les campagnes militaires. L’un des points culminants de cette période fut la bataille de Chéronée (338 av. J.-C.), où Philippe vainquit Athènes et Thèbes, mettant fin à l’indépendance politique grecque.
Alexandre le Grand porta le coup final à la structure sociale hellénistique en privant complètement les poleis de leur autonomie, tout en diffusant la culture grecque en Orient. Les cités grecques auraient pu former le noyau central d’un empire macédonien florissant (englobant principalement la Macédoine antigonide, l’Égypte ptolémaïque et l’empire séleucide), mais leurs structures sociales et culturelles étaient incompatibles avec les principes de gouvernement nécessaires pour créer et maintenir un empire.
Ainsi, la gloire grecque s’éteignit peu à peu avec l’essor de l’Empire romain. Les poleis survécurent comme centres culturels et économiques, mais perdirent leur souveraineté.
À ce stade, il est légitime de passer aux approches métrologiques romaines et au chapitre consacré à leurs fondements historiques...
Rome, le contexte culturel à l’origine de son système de mesure
Ce chapitre présente le contexte culturel de la Rome antique, qui a servi de fondement au développement de son système de mesure.
Pour établir des standards, certaines conditions sont nécessaires. Lesquelles ?
Si l’on observe les débuts de la fondation de Rome sous un angle historique global, on constate qu’elle ne faisait pas partie des cultures les plus anciennes du monde. Ce fait pouvait même être avantageux (pour Rome et ses habitants de l’époque), dans la mesure où certains éléments du système social existaient déjà, et que Rome n’avait qu’à les adopter et à les intégrer dans son propre mécanisme.
Du point de vue socio-culturel, les conditions permettant toute forme de standardisation apparaissent toujours à travers les besoins relationnels au sein de la société.
Que signifie cela ? Prenons un exemple : imaginons une scène où deux familles voisines interagissent.
Pensez-vous qu’elles aient besoin d’un système très élaboré pour échanger des biens simples, au lieu de se contenter d’échanges occasionnels selon leurs besoins ?
Un autre scénario se présente dans le cas d’une chaîne d’opérations commerciales. Un acteur vend un produit à son voisin, qui le revend à une troisième personne, laquelle à son tour transporte l’objet dans un lieu plus éloigné pour le revendre.
Dans ce dernier schéma, nous pouvons reconstruire les conditions nécessaires au cycle de vie de cet objet. C’est dans ce type d’échanges que renaissent les conditions propices à l’apparition d’outils de marché — ce qui conduit à la naissance des mesures, des systèmes monétaires, des règles d’accord et d’une multitude de mécanismes secondaires favorisant les processus de commerce et d’interaction au sein d’un tel système social imaginé.
Ce que nous savons des unités de mesure dans la Rome antique
Les Romains ont adopté plusieurs unités de mesure grecques.
Présentons-les : Digitus (doigt), Pes (pied), Palma (paume), Uncia (pouce), Cubit (coudée), Gradus (pas), Passus (double pas).
Ces unités ont été empruntées aux cités-États grecques (poleis), reflétant l’influence de la culture et du commerce grecs sur la société romaine primitive.
À mesure que Rome s’étendait, des variations régionales dans les standards de mesure apparurent (par exemple : Pes Monetalis : environ 296 mm, utilisé dans les contextes monétaires ; Pes Drusianus : environ 333 mm, utilisé dans certaines provinces, notamment la Germanie inférieure ; Pes Atticus : environ 300 mm, utilisé en Attique). Ces variations étaient influencées par les coutumes locales, les besoins pratiques et l’intégration de différentes cultures au sein de l’Empire romain en expansion.
Peut-être est-il temps de révéler les véritables standards d’or, ou avez-vous déjà entendu d’où vient le terme « étalon-or » ?
Nous avons déjà évoqué brièvement la Rome primitive, mais il convient ici de souligner le tournant dans l’établissement des conditions que nous mentionnons si souvent, et qui ont conduit à la standardisation elle-même. Et il s’agit bien sûr des célèbres et bien connues Douze Tables de Rome.
Bien que de manière indirecte, les Douze Tables représentent le point zéro de tous les développements ultérieurs de Rome, tant sur le plan du droit romain que pour de nombreuses autres structures culturelles, y compris l’unification des unités.
Les efforts de standardisation formelle (vers le Ier siècle av. J.-C. – Ier siècle apr. J.-C.) : le rôle des magistrats et des arpenteurs fut établi dans les tables mentionnées, et, avec le temps, la décision d’unifier les unités en usage s’imposa. Ils utilisaient des outils tels que la groma, un instrument d’arpentage, pour établir des mesures cohérentes dans la division des terres et la construction.
En répertoriant les unités standardisées, nous pouvons dresser une courte liste : Pes (pied) : environ 296 mm ; Uncia (pouce) : un douzième de pied, environ 24,6 mm ; Mille Passus (mille) : 1 000 pas, environ 1 480 mètres ; Actus : unité de surface, 120 pieds sur 120 pieds ; Jugum : unité de surface terrestre, environ 2 523 mètres carrés.
Nous avions promis d’expliquer d’où vient l’expression « étalon-or » ?
Un jour, un homme se réveilla avec un terrible mal de tête. Peut-être avait-il trop bu la veille, nul ne le sait… Mais l’empereur Auguste fit ériger un monument dans le Forum romain marquant le point de départ de toutes les routes romaines, symbolisant la centralisation et la standardisation des distances dans tout l’empire.
Vous pouvez consulter dans le tableau ci-dessous les unités standardisées romaines correspondant à la période de l’Empire (avant sa division).
| Nom de l’unité | Équivalent en mètres | Subdivision | Utilisation |
|---|---|---|---|
| Longueur, Pied romain (Pes) | Environ 0,296 m | Divisé en 12 uncia (pouces), chacun d’environ 24,6 mm | Unité standard de mesure de longueur pour la construction, la division des terres et la vie quotidienne. |
| Longueur, Mille romain (Mille Passus) | 1 000 pas, environ 1 480 mètres | - | Unité standard pour mesurer les distances sur les routes romaines. |
| Poids, Livre romaine (Libra) | Environ 0,3289 kg | Subdivision : divisée en 12 uncia (onces), chacune d’environ 27,4 g | Unité standard pour les mesures de poids dans le commerce et les échanges. |
| Volume, Mesure liquide romaine (Sextarius) | Environ 0,546 litres | - | Unité standard pour mesurer les liquides, équivalente à environ une pinte. |
Résumé des unités romaines
Nous avons énuméré les principaux éléments conditionnels du système de mesure romain, et il convient ici de résumer les unités afin de maintenir la cohérence avec le thème de l’article.
| Nom de l’unité | Origine | Standardisation | Application | Remarques |
|---|---|---|---|---|
| Pes (Pied romain) | Le pied romain (pes) fut influencé par les mesures grecques et étrusques. | Sous l’empereur Auguste, le pes monetalis fut standardisé à environ 296 mm. | Utilisé dans la construction, la mesure des terrains et la vie quotidienne. | Variations régionales : Dans certaines provinces, comme la Germanie inférieure, on utilisait le pes Drusianus, mesurant environ 333 mm. |
| Uncia (Pouce ou once) | Dérivée du pied romain, l’uncia représentait un douzième de pied. | Standardisée à environ 24,6 mm. | Utilisée pour les mesures de longueur et de poids. | Héritage : Le mot anglais « inch » (pouce) provient de l’uncia. |
| Mille Passus (Mille romain) | Le mille romain était basé sur la distance parcourue en 1 000 pas. | Fixé à 5 000 pieds romains, soit environ 1 480 mètres. | Utilisé pour mesurer les distances sur les routes romaines. | Héritage : Le mot anglais « mile » dérive du mille passus romain. |
| Jugum (Acre) | Le jugum était une unité de surface. | Défini comme 240 × 120 pieds romains, soit environ 2 523 m². | Utilisé en agriculture et dans la répartition des terres. | Héritage : Le terme anglais « acre » dérive du jugum. |
| Libra (Livre) | La livre romaine (libra) était une unité de poids. | Fixée à environ 328,9 grammes. | Utilisée dans le commerce et les échanges. | Héritage : L’abréviation « lb » pour livre provient de libra. |
| Sextarius (Mesure de liquide) | Le sextarius était une unité de volume pour les liquides. | Défini comme un seizième d’amphore, soit environ 0,546 litre. | Utilisé pour mesurer des liquides comme le vin et l’huile. | - |
| Pertica (Perche de géomètre) | La pertica était une tige de mesure utilisée par les arpenteurs romains. | Égalant généralement 10 pieds romains, soit environ 2,96 mètres. | Utilisée pour l’arpentage et la construction. | - |
| Groma (Instrument d’arpentage) | La groma était un instrument d’arpentage romain. | Conçu pour garantir des angles droits lors des levés topographiques. | Utilisé pour la planification et la construction des routes et bâtiments. | - |
Nous avons déjà souligné que la standardisation s’applique toujours aux territoires relevant de l’autorité du souverain. Mais qu’en est-il des régions où de telles normes existaient déjà ? Les règles et droits sociaux locaux, ainsi que leurs standards traditionnels, sont-ils totalement remplacés par ceux imposés par le conquérant (dans le cas d’États vaincus) ?
Il semble donc approprié de détourner un instant notre regard de Rome pour l’orienter vers le Moyen-Orient, aujourd’hui connu sous le nom d’Israël, à l’époque de la chute du royaume juif sous le pouvoir impérial romain.
Malheureusement, cet ouvrage n’est pas disponible gratuitement, mais pour une recherche approfondie, nous recommandons vivement : *Surveying Instruments of Greece and Rome* (M. J. T. Lewis, University of Hull).
Les mesures bibliques, ou la métrologie de la société israélite et son contexte culturel
À l’attention de notre honorable lecteur : les auteurs s’éloignent de tout point de vue religieux. Nous vous prions, si vous entretenez des sentiments liés à la foi, de comprendre que notre collectif n’a pas la moindre intention de heurter vos convictions orthodoxes.
Nous ne pouvons pas passer sous silence une culture telle que celle du royaume de la dynastie de David, compte tenu de son immense influence (notamment sur le plan religieux) dans la formation de la civilisation occidentale.
La plupart de nos lecteurs connaissent bien les récits évangéliques relatant les événements survenus durant la période de déclin du royaume de Judée.
La source fréquemment citée dans ces récits est la Bible elle-même ; mais ces deux sources ne peuvent être utilisées comme preuves archéologiques — en raison de leur caractère sacré et par respect envers les groupes religieux (nous espérons que chacun d’entre nous respecte également les droits humains dans cet aspect) — et surtout parce qu’elles ne sont pas acceptables selon les standards archéologiques.
Mais en tant que point de départ de notre voyage à travers l’État d’Israël préhistorique et sa structure culturelle, sur laquelle reposent les systèmes de mesure et leur standardisation, nul ne peut nous empêcher d’explorer ce domaine.
Avant la naissance du monde, ou la fondation du royaume de Juda
Introduction à la période, premiers établissements, cartographie culturelle régionale
Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Par elle tout a été fait, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
En termes scientifiques, comme nous le savons, toute civilisation est toujours anthropocentrique. Logiquement, l’humanité constitue le facteur modifiant de tout ce qui nous entoure et qui provient de la nature — sans même mentionner tout ce qui est de nature artificielle.
Ainsi, pour comprendre les origines des structures sociales, nous devons nous plonger dans les preuves provenant de la période juste avant que ces structures ne commencent à se manifester. Cette approche s’applique à la période précédant la formation du célèbre royaume de Juda, que nous tenterons de reconstituer ici.
Avant l’établissement du royaume de Juda, la région était habitée par diverses tribus cananéennes. Les découvertes archéologiques indiquent que ces communautés cananéennes pratiquaient l’urbanisation, l’agriculture et le commerce. Par exemple, le site de Tel Dan, situé dans la partie nord de l’ancien Israël, a livré des preuves d’occupation cananéenne, notamment des portes de ville et des fortifications datant de l’âge du bronze moyen (vers 2000–1550 av. J.-C.). Ces développements ont jeté les bases de l’émergence de la culture israélite dans la région.
À la fin de l’âge du bronze (vers 1550–1200 av. J.-C.), les cités-états cananéennes commencèrent à décliner, peut-être en raison d’invasions et de troubles internes. Cette période vit l’infiltration et l’installation progressives de groupes identifiés comme Israélites. Les preuves archéologiques provenant de sites tels que Khirbet Qeiyafa et Khirbet al-Ra'i suggèrent que ces premiers établissements israélites étaient caractérisés par des structures fortifiées et des styles de poterie distincts, indiquant une tendance vers une organisation centralisée et la formation d’un État.
- Comme preuve de la phase initiale de cette période, considérons trois sites principaux, soigneusement étudiés jusqu’à aujourd’hui.
🌇 Khirbet Qeiyafa
- Situé dans la vallée d’Elah, Khirbet Qeiyafa est l’un des sites archéologiques les plus importants associés aux débuts du royaume de Juda. Les fouilles ont révélé une ville fortifiée avec des murs à casemates, une porte de ville et un grand bâtiment public, tous datés du début du Xe siècle av. J.-C. L’emplacement stratégique du site et ses caractéristiques architecturales suggèrent qu’il servait de poste militaire ou de centre administratif sous le règne du roi David.
🌇 Khirbet al-Ra'i
- Situé près de Khirbet Qeiyafa, Khirbet al-Ra'i fournit des informations supplémentaires sur la société judéenne primitive. Les artefacts trouvés sur ce site incluent de la poterie et des inscriptions correspondant à la culture matérielle de l’époque, soutenant l’idée d’une identité judéenne en développement, distincte des cultures voisines.
🌇 Lakish
- Le site de Lakish, mentionné dans les textes bibliques, a livré des preuves de fortifications et de structures administratives datant de la fin du Xe siècle av. J.-C. Ces découvertes corroborent le récit biblique des efforts de fortification du roi Roboam et de l’expansion du territoire de Juda durant cette période.
Cependant, pour être parfaitement honnêtes, il convient de noter que la stèle de Tel Dan, une inscription araméenne datant du IXe siècle av. J.-C., contient l’expression « Maison de David », fournissant la plus ancienne référence extrabiblique connue au roi David. De telles inscriptions sont cruciales pour comprendre le contexte historique et confirmer l’existence de figures clés mentionnées dans les récits bibliques.
Les établissements et la structure des premiers Israélites
La société israélite primitive était principalement agraire et organisée autour de familles élargies. Les preuves archéologiques indiquent que les Israélites vivaient dans des foyers nucléaires, souvent regroupés en petits villages. Ces habitations étaient généralement construites en briques de boue et en pierre, comportant plusieurs pièces et parfois un second étage. Leur disposition comprenait souvent une cour pour les animaux domestiques, ce qui reflète une économie de subsistance fondée sur l’agriculture et le pastoralisme. Les villages étaient situés dans la région montagneuse centrale, une zone moins influencée par les centres urbains voisins, ce qui contribua au développement d’une identité israélite distincte.
Pendant la période des Juges bibliques, la société israélite ne possédait pas de monarchie centralisée et était plutôt organisée en tribus dirigées par des juges. Ces dirigeants étaient souvent des figures charismatiques qui émergeaient en temps de crise pour délivrer les Israélites de l’oppression. Au fil du temps, le désir d’un leadership centralisé mena à l’établissement de la monarchie, à commencer par le roi Saül. Le rôle du roi était d’unifier les tribus, de diriger les campagnes militaires et de mettre en place une administration centralisée.
Possédaient-ils un système de mesure communautaire à cette époque ? En effet, ils en avaient un. Nous retracerons plus tard les origines de ce système ; pour l’instant, poursuivons la description du contexte socio-culturel. Dans la section suivante, consacrée à leur tradition écrite, nous commencerons à suivre l’objet principal de notre intérêt.
Spéculations sur l’origine de la langue hébraïque, mais pas seulement des spéculations…
Tout d’abord, jetons un œil aux preuves qui donnent un contexte à la discussion :
- Ostracon de Khirbet Qeiyafa (vers le Xe siècle av. J.-C.) : un tesson de poterie portant cinq lignes de texte, reflétant possiblement une forme précoce de l’hébreu. Sa classification linguistique exacte reste débattue.
- Calendrier de Guézer (vers le Xe siècle av. J.-C.) : une tablette calcaire énumérant des activités agricoles, offrant un aperçu de la vie saisonnière des Israélites.
- Abécédaire de Tel Zayit (vers le Xe siècle av. J.-C.) : un bloc de calcaire portant un alphabet phénicien complet, marquant une étape importante dans le développement de l’écriture alphabétique.
- Inscription de Siloé (vers le VIIIe siècle av. J.-C.) : une inscription hébraïque trouvée dans le tunnel de Siloé à Jérusalem, commémorant la construction du tunnel sous le règne du roi Ézéchias.
- Rouleaux de Ketef Hinnom (vers le VIIe siècle av. J.-C.) : des amulettes d’argent gravées de passages de la bénédiction sacerdotale, parmi les plus anciens textes bibliques connus.
Les artefacts énumérés ci-dessus montrent que le développement de l’écriture hébraïque découle de l’alphabet phénicien, lui-même dérivé du proto-cananéen.
Les origines des Hébreux sont complexes et multiformes, avec plusieurs théories sur leur émergence :
- Développement indigène : certains chercheurs proposent que les Hébreux étaient natifs de la région montagneuse centrale de Canaan, formant progressivement une identité distincte à travers leurs pratiques culturelles et religieuses.
- Continuité cananéenne : des études génétiques indiquent que les populations juives et arabes modernes de la région partagent une ascendance importante avec les anciens Cananéens, suggérant une continuité et une assimilation au fil du temps.
- Tradition de l’Exode : le récit biblique de l’Exode décrit la migration des Hébreux d’Égypte vers Canaan. Bien que les preuves archéologiques de cet événement soient limitées, il demeure central dans l’identité et l’histoire hébraïques.
❗ La métrologie et les systèmes de mesure ont toujours progressé parallèlement aux systèmes d’écriture. Il est important de noter ici que les Israélites utilisaient une structure numérique basée sur le système décimal, similaire à celle d’autres cultures du Proche-Orient ancien. Ce système était appliqué à divers aspects de la vie quotidienne, notamment le commerce, l’agriculture et les observances religieuses. Des inscriptions de l’époque, comme celles découvertes à Tel Arad, montrent que les Israélites possédaient une compréhension avancée du temps et de l’organisation numérique, comme en témoignent les références aux mois et aux jours dans leurs archives.
Ici, l’auteur a trouvé un endroit approprié pour dresser la liste des rois de l’ancien royaume d’Israël et conclure la section par son système de mesure...
Les rois du Royaume d’Israël — La Maison de David (formellement)
1.👑 Roboam (vers 931–913 av. J.-C.) :
- Règne : 17 ans, Caractère : généralement considéré comme un « mauvais » roi, Événements notables : ses politiques dures ont conduit à la division du royaume uni ; les tribus du Nord se sont rebellées et ont formé le Royaume d’Israël.
2.👑 Abija (Abijam) (vers 913–911 av. J.-C.) :
- Règne : 3 ans, Caractère : qualifié de « mauvais » roi, Événements notables : mena bataille contre Jéroboam d’Israël ; son règne fut marqué par des conflits continus avec le royaume du Nord.
3.👑 Asa (vers 911–870 av. J.-C.) :
- Règne : 41 ans, Caractère : considéré comme un « bon » roi, Événements notables : entreprit des réformes religieuses, élimina les idoles et rechercha des alliances pour renforcer Juda.
4.👑 Josaphat (vers 870–848 av. J.-C.) :
- Règne : 25 ans, Caractère : « bon » roi, Événements notables : renforça les défenses de Juda, promut l’éducation religieuse et forma des alliances avec Israël.
5.👑 Joram (vers 848–841 av. J.-C.) :
- Règne : 8 ans, Caractère : considéré comme « mauvais », Événements notables : épousa Athalie, fille d’Achab d’Israël ; son règne fut marqué par des troubles internes et des menaces extérieures.
6.👑 Achazia (vers 841 av. J.-C.) :
- Règne : 1 an, Caractère : « mauvais » roi, Événements notables : s’allia avec le roi Joram d’Israël ; fut tué par Jéhu lors du coup d’État en Israël.
7.👑 Athalie (reine) (vers 841–835 av. J.-C.) :
- Règne : 6 ans, Caractère : souvent qualifiée de « mauvaise » souveraine, Événements notables : usurpa le trône après la mort de son fils Achazia ; renversée par le prêtre Jojada.
8.👑 Joas (Joas/Jehoash) (vers 835–796 av. J.-C.) :
- Règne : 40 ans, Caractère : au départ « bon », Événements notables : restaura le Temple ; plus tard se tourna vers l’idolâtrie, entraînant son assassinat par ses serviteurs.
9.👑 Amatsia (vers 796–767 av. J.-C.) :
- Règne : 29 ans, Caractère : mitigé — « bon » au début, puis déchu, Événements notables : vainquit Édom ; plus tard se tourna vers l’idolâtrie, ce qui mena à son assassinat.
10.👑 Ozias (Azaria) (vers 792–740 av. J.-C.) :
- Règne : 52 ans, Caractère : généralement considéré comme « bon », Événements notables : étendit le territoire de Juda ; ses dernières années furent marquées par l’orgueil et la punition.
11.👑 Jotham (vers 750–735 av. J.-C.) :
- Règne : 16 ans, Caractère : « bon » roi, Événements notables : renforça les défenses de Juda ; son règne fut éclipsé par les actions de son père Ozias.
12.👑 Achaz (vers 735–715 av. J.-C.) :
- Règne : 20 ans, Caractère : « mauvais » roi, Événements notables : introduisit l’idolâtrie ; rechercha l’aide de l’Assyrie, transformant Juda en État vassal.
13.👑 Ézéchias (vers 715–686 av. J.-C.) :
- Règne : 29 ans, Caractère : « bon » roi, Événements notables : entreprit des réformes religieuses ; résista avec succès au siège assyrien de Jérusalem.
14.👑 Manassé (vers 687–642 av. J.-C.) :
- Règne : 55 ans, Caractère : d’abord « mauvais » roi, puis repentant, Événements notables : annula les réformes de son père ; plus tard se repentit et tenta de rétablir l’ordre.
15.👑 Amon (vers 642–640 av. J.-C.) :
- Règne : 2 ans, Caractère : « mauvais » roi, Événements notables : poursuivit l’idolâtrie ; assassiné par ses serviteurs.
16.👑 Josias (vers 640–609 av. J.-C.) :
- Règne : 31 ans, Caractère : « bon » roi, Événements notables : réalisa d’importantes réformes religieuses ; tué lors de la bataille contre le pharaon Néchao II.
17.👑 Joachaz (Schallum) (vers 609 av. J.-C.) :
- Règne : 3 mois, Caractère : « mauvais » roi, Événements notables : déposé par le pharaon Néchao II et emmené en Égypte.
18.👑 Joïakim (vers 609–598 av. J.-C.) :
- Règne : 11 ans, Caractère : « mauvais » roi, Événements notables : d’abord vassal de l’Égypte, puis soumis à Babylone ; confronté à des troubles internes.
19.👑 Joïakin (Jéconias) (vers 598–597 av. J.-C.) :
- Règne : 3 mois, Caractère : « mauvais » roi, Événements notables : déporté à Babylone lors du siège de Nabuchodonosor.
20.👑 Sédécias (vers 597–586 av. J.-C.) :
- Règne : 11 ans, Caractère : « mauvais » roi, Événements notables : se rebella contre Babylone ; Jérusalem fut assiégée et détruite ; capturé et emmené à Babylone.
Et ici, nous pouvons conclure l’histoire de la Couronne israélite, mais…
La Restauration du Règne sur le Royaume d’Israël
Après Sédécias : Exil babylonien et période perse
- 586–538 av. J.-C. : Le royaume de Juda cessa d’exister. La région devint une province babylonienne, et une grande partie de l’élite fut déportée (Captivité babylonienne).
- 538 av. J.-C. : Le roi Cyrus le Grand de Perse conquit Babylone et autorisa le retour des exilés. C’est le début de la période du Second Temple.
- Absence de monarchie native : Au retour, Juda ne rétablit pas un roi davidique. Le gouvernement fut assuré par : des gouverneurs nommés par les Perses (par ex. Zorobabel en tant que gouverneur), des grands prêtres (détenant une autorité religieuse et partiellement civile), et des élites locales : les Judéens revenus d’exil (Zorobabel, Josué le grand prêtre et d’autres) formèrent une élite dirigeante sous la supervision perse. Ce système se poursuivit sous la domination hellénistique puis sous l’administration romaine.
L’histoire ultérieure montre progressivement la désagrégation des structures sociales, conduisant inévitablement à l’effondrement de l’État en tant que tel :
Période romaine (à partir de 63 av. J.-C.)
- Rois clients : Rome réintroduisit des rois locaux, mais ceux-ci étaient des représentants nommés par Rome, sans réelle souveraineté : la dynastie hasmonéenne devint d’abord un royaume client.
- Hérode le Grand (37–4 av. J.-C.) régna comme roi nommé par Rome. Ses successeurs gouvernèrent des territoires clients divisés.
- Absence de restauration complète de la souveraineté davidique : la monarchie sous Rome demeura essentiellement symbolique et administrative, le véritable pouvoir appartenant à Rome.
Les unités de mesure et leur valeur historique
📏 Unités de longueur et de distance
- Coudée (Amah) :
Preuve archéologique : L’inscription de Siloé, datée du VIIIe siècle av. J.-C., mentionne une longueur de 1 200 coudées pour le tunnel d’Ézéchias. La longueur réelle du tunnel est d’environ 547 mètres, ce qui suggère une coudée de près de 45,75 cm.
- Empan (Tefach) et Doigt (Etzba) :
Preuve archéologique : Bien que les preuves archéologiques directes de ces unités soient limitées, leur usage est déduit des textes bibliques. Par exemple, les dimensions du Tabernacle et de son mobilier dans l’Exode sont décrites en ces unités.
⚖️ Unités de poids
- Sicle :
Preuve archéologique : Une pierre de poids portant l’inscription « beka » a été découverte près du Mur occidental à Jérusalem. Ce poids est associé à la taxe biblique du demi-sicle.
- Mine :
Preuve archéologique : Le système de poids de l’ancienne Judée fut influencé par le système babylonien, où la mine constituait une unité standard. Des découvertes archéologiques, telles que des poids et des inscriptions, attestent l’usage de la mine dans le commerce et les offrandes au temple.
- Talent :
Preuve archéologique : Le talent, grande unité de poids, est mentionné dans la construction du Tabernacle (Exode 38:24). Des découvertes archéologiques, y compris des inscriptions et des poids, confirment son utilisation dans les transactions et offrandes à grande échelle.
🧊 Unités de volume
- Épha et Bath :
Preuve archéologique : Des inscriptions découvertes sur des sites tels que Tell Qasileh et d’autres localités judéennes portent des marques indiquant l’épha et le bath. Ces unités servaient respectivement à mesurer les grains et les liquides.
- Seah, Hin, Omer :
Preuve archéologique : Ces unités de volume plus petites sont mentionnées dans les textes bibliques et sont supposées avoir été utilisées dans la vie quotidienne pour mesurer les grains et les liquides. Les preuves archéologiques directes sont limitées mais soutenues par les références textuelles.
| Unité | Preuve archéologique | Longueur estimée | Équivalent moderne |
|---|---|---|---|
| Coudée (Amah) | Inscription du tunnel de Siloé (~VIIIe s. av. J.-C.), vestiges architecturaux judéens | ~0,457 m | 1 coudée ≈ 0,457 m |
| Empan (Tefach) | Déduit de la coudée (dimensions du Tabernacle) | ~0,114 m | 1 empan ≈ 0,114 m |
| Doigt (Etzba) | Déduit de l’empan | ~0,019 m | 1 doigt ≈ 1/6 d’empan ≈ 0,019 m |
| Mille (Mil) | Unités d’influence perse, utilisées à la fin de la période judéenne | ~1 609 m | 1 mille biblique ≈ 1,609 km |
| Unité | Preuve archéologique | Poids estimé | Équivalent moderne |
|---|---|---|---|
| Guéra (Gerah) | Poids en pierre trouvé à Jérusalem | ~0,57 g | 1 guéra ≈ 0,57 g |
| Sicle | Poids de taxe du Temple, période du Premier Temple | ~11,4 g | 1 sicle ≈ 11,4 g |
| Béka | Poids en pierre représentant un demi-sicle | ~5,7 g | 1 béka ≈ 5,7 g |
| Mine (Maneh) | Poids et inscriptions d’influence babylonienne | ~574 g | 1 mine ≈ 574 g |
| Talent (Kikkar) | Grands poids de temple ou de trésor | ~34,4 kg | 1 talent ≈ 34,4 kg |
| Unité | Preuve archéologique | Volume estimé | Équivalent moderne |
|---|---|---|---|
| Log | Jarres du Temple, mesures rituelles | ~0,3 L | 1 log ≈ 0,3 L |
| Hin | Inscriptions découvertes sur des sites judéens | ~3,7 L | 1 hin ≈ 3,7 L |
| Bath | Vases du Temple (Temple de Salomon) | ~22 L | 1 bath ≈ 22 L |
| Seah | Déduit de l’épha | ~7,3 L | 1 seah ≈ 7,3 L |
| Épha | Jarres de stockage, mesures de grains | ~22 L | 1 épha ≈ 22 L |
| Omer | Portion de manne, inscriptions sur poterie | ~2,3 L | 1 omer ≈ 2,3 L |
Les sources reposent sur des découvertes archéologiques : mesures du tunnel de Siloé, poids de la période du Premier Temple, jarres de stockage et inscriptions provenant de Jérusalem, Lakish, Tel Arad et d’autres sites judéens apparentés. Ces mesures représentent des moyennes, car les étalons exacts variaient légèrement selon les époques. Les unités de surface sont déduites des pratiques agricoles (par exemple, l’épha de grain semé par parcelle).
Comme vous pouvez le constater, nous avons traversé la culture pour atteindre le sujet qui nous intéressait. Pourtant, notre voyage à travers les civilisations et leurs systèmes de mesure n’a pas encore atteint son équateur. Alors, prenons une pause-café — et retrouvons-nous bientôt au Royaume assyrien, où nous expliquerons pourquoi cette culture a été choisie par les auteurs.
Recommandation de lecture : Aperçu des périodes préhistoriques (6 000–3 500 av. J.-C.), Institut d’archéologie, Israël
Pour consulter les sources populaires citées, visitez : Archéologie de la Terre d’Israël (guide touristique inter-époques)
L’Âge du fer, 1150–586 av. J.-C., Prof. Amihai Mazar – Institut d’archéologie – Université hébraïque de Jérusalem (une ressource académique équilibrée et recommandée décrivant la période de l’âge du fer)
Ce chapitre est consacré à deux cultures, Babylone et la Perse — voyons pourquoi
Comme chacun le sait, ces deux grands États ont profondément influencé le Royaume d’Israël, et c’est la raison pour laquelle nous tournons à présent notre regard vers eux.
Les deux cultures les plus intimement liées à la vie ultérieure du Royaume d’Israël (ou de Juda) ont façonné sa politique, son économie, sa religion et même sa métrologie.
Ici, nous tenterons de donner un aperçu de la façon dont leurs influences se sont superposées au destin d’Israël — avant d’approfondir les spécificités de chaque culture, en tant que toile de fond déterminante de leur métrologie (comme nous aimons le faire).
🏰 Babylone — Le Conquérant et son empreinte culturelle
La période que nous examinons s’étend approximativement de 620 à 539 av. J.-C., sous les figures bien connues depuis l’école — Nabuchodonosor II et Nabonide (inconnu ? consultez le lien ci-dessous pour en savoir plus : Nabuchodonosor II, Nabonide — voir plus).
La terre d’Israël fut conquise sous la direction de ces deux puissants souverains, accompagnée de la brutalité babylonienne, par la destruction de Jérusalem (586 av. J.-C.) et du Premier Temple, ainsi que la déportation de l’élite de Juda. Cet événement ne détruisit pas seulement la souveraineté — il standardisa le savoir israélite à travers les systèmes d’écriture et de mesure babyloniens.
Certaines innovations furent également imposées à l’État israélite (ou ce qu’il en restait). Durant cette période, une standardisation administrative eut lieu : l’écriture araméenne et les tablettes comptables babyloniennes pénétrèrent les pratiques judéennes ; ‼️ des unités de mesure telles que le sicle, la mine et le talent furent formalisées selon les structures babyloniennes à base sexagésimale (logique du 60).
Vous savez sans doute que les Israélites vivent avec deux systèmes calendaires — le moderne (celui que nous utilisons tous au quotidien) et le leur, national, plus étroitement lié à la tradition religieuse judaïque. À vrai dire, celui-ci trouve son origine dans le calendrier luni-solaire babylonien, qui remplaça les calendriers locaux et façonna l’évolution du calendrier hébraïque.
🏰 Perse — L’Organisateur et le Restaurateur
- La période concernée s’étend approximativement de 539 à 332 av. J.-C. Les souverains achéménides dont nous parlons incluent : Cyrus le Grand, Darius Ier, Artaxerxès Ier.
Impact : la conquête peut être considérée comme plutôt positive pour la population locale, notamment en ce qui concerne la stratification sociale (qui fut, soit dit en passant, restaurée). Le décret de Cyrus (539 av. J.-C.) permit aux exilés juifs de rentrer et de reconstruire le Temple — faisant de la Perse la première puissance « libératrice ».
Fait surprenant, on peut observer certains effets positifs sur le plan de l’évolution sociale. Sous le système satrapique achéménide, Juda (sous le nom de Yehud Medinata) devint une province semi-autonome — politiquement soumise, mais culturellement revivifiée.
Bien sûr, la standardisation avec le système métropolitain de mesure était inévitable sous un pouvoir centralisé ; en conséquence, la Perse unifia les poids et mesures — le darique, le siglos et la coudée royale — qui furent plus tard intégrés aux systèmes judéens post-exiliques.
✏️ Ce n’est pas une certitude, mais dans l’esprit d’une spéculation prudente, nous pouvons supposer que le dualisme zoroastrien influença subtilement les développements théologiques juifs ultérieurs, en particulier l’eschatologie (le bien contre le mal, la vie après la mort).
✏️ Ainsi, ce mélange d’influences nous conduit à des conclusions qu’il serait impossible d’ignorer. Le monde judéen post-exilique qui en émergea était hybride : précision babylonienne dans les mesures, l’astronomie et le commerce ; ordre bureaucratique perse dans la gouvernance et la fiscalité ; résilience théologique judéenne — transformée, mais intacte — une culture qui survit à la conquête par l’adaptation.
Et cette description enrichit considérablement le chapitre consacré au Royaume juif — et, oui, ce n’est pas tout, ce qui signifie : vous êtes les bienvenus !
Babylone, si légendaire, si mystifiée
Et voici l’endroit où nous devons revenir en arrière, vers une culture déjà abordée — mais sous un autre angle.
Petit rappel :
❗ Sumériens — La civilisation modèle. Période : ~4000–2300 av. J.-C. Principales villes : Uruk, Ur, Lagash, Eridu, Nippur. Langue : sumérien (isolat, non sémitique).
- Niveau d’innovation : sans égal — la première culture systématisée connue au monde.
Réalisations clés
- Écriture : cunéiforme sur tablettes d’argile — permettant l’administration, les contrats, les mesures, l’astronomie. Mathématiques : invention du système sexagésimal (base 60), qui devint la base de tout calcul mésopotamien. Métrologie : développement du premier système de mesure unifié — pour la longueur, le volume et la masse, comprenant la coudée sumérienne (~0,497 m), la mine et le sicle. Architecture et arpentage : l’irrigation par canaux nécessitait une géométrie précise, donnant naissance à une forme de proto-ingénierie. Astronomie : observation des mouvements célestes ; les premiers ziggourats étaient alignés selon des principes astronomiques.
Essence culturelle
- La vision du monde sumérienne était technique et pragmatique : les dieux contrôlaient la nature, mais les humains maintenaient l’ordre.
Ce sens de l’ordre par la mesure est l’héritage fondamental que Babylone reçut.
❗ Empire d’Akkad — L’unificateur. Période : ~2334–2154 av. J.-C. Fondateur : Sargon d’Akkad.
- Langue : akkadien (sémitique). Importance : le premier empire — unifiant les cités-États sumériennes sous une seule couronne.
Influence
- Adopta la science sumérienne dans son intégralité : cunéiforme, mathématiques et métrologie. Introduisit une administration en langue akkadienne — fusionnant les chiffres sumériens avec la grammaire sémitique.
- Standardisa les poids et mesures à travers la Mésopotamie.
- Prépara le terrain pour la gouvernance babylonienne ultérieure : bureaucratie, archives et lois codifiées (précurseurs du Code d’Hammurabi).
Période paléo-babylonienne — Les systématisateurs
Comme nous l’avons déjà vu, le royaume babylonien ne surgit pas du néant — son existence même fut le produit d’une inévitabilité historique. Les points suivants ne feront que renforcer cette conclusion.
À l’époque du roi Hammurabi de Babylone (règne : 1792–1750 av. J.-C.), un modèle linguistique bien développé existait déjà — l’akkadien, dans son dialecte babylonien — que le roi fit affiner et standardiser pour un usage administratif officiel.
Sous la direction du roi, le célèbre Code d’Hammurabi fut conçu et promulgué. Il ne servait pas uniquement de texte juridique, mais aussi de catalogue de mesures et de valeurs standardisées — concernant les céréales, les terres et le travail.
L’évolution proto-scientifique de la pensée babylonienne conduisit les générations suivantes à préserver et perfectionner l’arithmétique sumérienne en base 60, produisant des tables de carrés, cubes et réciproques — une véritable forme de proto-algèbre constituant un corpus structuré de connaissances pour les progrès futurs.
Le système métrologique, déjà bien connu sous ses unités — Coudée (kuš) ≈ 0,497 m ; Sicle ≈ 8,4 g ; Mine = 60 sicles (≈ 504 g) ; Talent = 60 mines (≈ 30,2 kg) ; ainsi que les mesures de volume (gur, sila, ban) — formait la base du commerce des céréales et des liquides.
La continuité de l’observation céleste à long terme initiée par les Sumériens se poursuivit, mais désormais systématisée à des fins calendaires.
Une grande partie de nos connaissances modernes sur la civilisation sumérienne provient des archives babyloniennes.
Le Temps des Unités ? Alors, Suivez-nous...
| Unité | Équivalent approximatif | Remarques / références |
|---|---|---|
| Coudée (kuš / ammatu / ammûtu) | ~ 0,50 m | Dans les textes néo-babyloniens, la coudée est donnée à environ 0,5 m. |
| 1/24 de coudée (šu-si / ubânû) | ~ 0,0208 m | Subdivision fractionnaire : coudée ÷ 24 ≈ 0,5 m / 24 ≈ 0,0208 m |
| gi / qânu (unité de longueur = 7 coudées) | ~ 3,5 m | 7 × coudée (~0,5 m) = ~3,5 m |
| Unité de longueur « GAR » (14 coudées) | ~ 7 m | 14 × coudée ≈ 7 m |
| Système | Unités et conversions | Surface approximative en m² |
|---|---|---|
| Roseau (petites unités) | ex. kuš × kuš, etc. | ex. 7 coudées carrées ~ 1,75 m² |
| Système des semences / unités supérieures | ex. ban, gur de surface | ex. superficie du gur ≈ 13 500 m² |
| Unité | Rapport / relation | Équivalent métrique approximatif | Remarques / références |
|---|---|---|---|
| Grain (še / uḫṭatu) | unité de base très petite | ~ 0,0000466 kg (≈ 46,6 mg) | Basé sur la moyenne d’artefacts trouvés à Ur et Nippur |
| Shekel (šiqlu / gin₂) | 1 shekel = ~ 8,40 g | ~ 0,00840 kg | Standard des tables mésopotamiennes |
| Mina (manû) | 60 shekels | ~ 504 g | 60 × 8,40 g = ~504 g |
| Talent (bītu / biltu / gun₂ / kakaru) | 60 minas | ~ 30,2 kg | 60 × 504 g = ~30,2 kg |
| Unité | Relation / multiplicateurs | Équivalent métrique approximatif | Remarques / références |
|---|---|---|---|
| sila₃ / qa | unité de volume de base | ~ 1 litre | Le « sila » est souvent assimilé à environ 1 L dans les reconstructions mésopotamiennes. |
| ban₂ (sūtu) | 6 × sila | ~ 6 L | 6 × 1 L = 6 L |
| PI / pānu | 6 ban₂ = 36 L | ~ 36 litres | 6 × 6 L = 36 L |
| gur / kurru | 5 × PI = 180 L | ~ 180 litres | 5 × 36 L = 180 L |
Ces conversions sont approximatives — les mesures anciennes variaient selon les régions et les époques.
- Les systèmes babyloniens (notamment néo-babyloniens) ont souvent conservé les anciens standards sumériens.
- Les unités de capacité volumétrique étaient souvent liées à l’équivalence de poids de l’eau, d’où l’hypothèse de travail : 1 sila ≈ 1 litre.
Quand nous épelons la Perse...
Le contexte culturel de la Perse trouve ses racines dans le royaume assyrien, et un bref aperçu permet de percevoir les croisements et les héritages socio-culturels issus de celui-ci.
Les royaumes d’Assyrie et de Perse constituent le maillon décisif suivant, après Babylone, dans la continuité de la civilisation du Proche-Orient ancien.
Le lecteur attentif remarquera que le premier millénaire avant notre ère est intimement lié à une succession de civilisations, où chacune tombe — avec ses réalisations — pour laisser place à la suivante, et dans ce jeu, tous les acteurs de l’époque tiennent leur rôle.
Sur la scène — les Assyriens. Avant l’essor de la Perse, l’Assyrie dominait la Mésopotamie. Ses capitales (Assur, Ninive, Kalhu/Nimrud) développèrent un empire hautement bureaucratique.
🏰 Les Assyriens héritèrent et perfectionnèrent les systèmes administratifs et métrologiques babyloniens :
– Poids standardisés (sicle, mine, talent).
– Unités de longueur (coudée, double coudée) alignées sur la structure babylonienne en base 60.
– Les exigences militaires et d’ingénierie hydraulique nécessitaient des mesures précises de volume (pour le grain, l’huile et les matériaux de construction).
L’État assyrien était organisé en provinces royales dirigées par des gouverneurs (šaknu), avec des registres fiscaux et des archives administrées par les temples. Ce modèle bureaucratique inspira directement l’administration achéménide ultérieure.
🌱 Avant la fondation du royaume perse (avant 550 av. J.-C.) :
Les tribus perses sont issues des migrations indo-iraniennes (deuxième millénaire av. J.-C.). À la fin du VIIIe siècle av. J.-C., elles s’étaient établies dans le Parsa (actuel Fars) sous la suzeraineté mède. Les principales tribus mentionnées par Hérodote et les sources cunéiformes :
– Pasargades — la tribu dirigeante (lignée de Cyrus II).
– Maraphii et Maspii — maisons nobles alliées.
– Groupes apparentés mineurs : Cosséens, Sagartiens et Élyméens.
Sur le plan culturel, les premiers Perses fusionnèrent les traditions nomades iraniennes avec les systèmes administratifs élamites et mésopotamiens — créant ainsi une base syncrétique pour l’Empire achéménide.
🏰 Le royaume perse achéménide (vers 550–330 av. J.-C.)
Il convient d’examiner la structure sociale de l’État. Sous Cyrus le Grand, l’empire unifia les Mèdes, l’Élam et la Mésopotamie. Darius Ier institua ensuite le système des satrapies — des gouvernorats régionaux (20 à 30), chacun doté de quotas fiscaux, de routes royales et de garnisons.
Une partie essentielle du réseau administratif fut le service postal royal et la Route Royale (Suse–Sardes, ~2700 km). L’administration trilingue (vieux perse, élamite, akkadien), bien que peu pratique pour la gestion, représentait une approche nécessaire pour une période de transition linguistique et d’unification politique.
Comme dans toute société modérément développée, la stratification sociale s’imposa : famille royale et noblesse (aristocratie de cour), élite militaire (le régiment des “Immortels”), clergé et classe des scribes (scribes élamites et araméens), puis les artisans et les roturiers.
Les populations provinciales conservaient une autonomie culturelle tout en étant soumises au tribut.
La religion tournait autour du zoroastrisme, qui mettait l’accent sur le dualisme moral (Asha contre Druj) et influença profondément l’idéologie d’État — « roi par la grâce d’Ahura Mazda ».
L’heure des unités...
Ici, nous présentons un tableau comparatif indiquant les origines des unités et leur application au sein du royaume.| Unité | Origine | Équivalent moderne approximatif | Notes |
|---|---|---|---|
| Coudée (Arš) | Babylonienne | ≈ 0,525 m | Utilisée pour la construction et l’architecture. |
| Parasange | Médienne/Iranienne | ≈ 5,5 km | Norme pour les déplacements et les distances militaires. |
| Unité | Origine | Équivalent moderne approximatif | Notes |
|---|---|---|---|
| Tir d’arc (semblable au plèthre) | Usage irano-grec | ≈ 0,04 ha | Mesure de terres utilisée pour la fiscalité. |
| Unité | Origine | Équivalent moderne approximatif | Notes |
|---|---|---|---|
| Sicle | Héritage babylonien | ≈ 8,4 g | Unité d’échange basée sur l’argent. |
| Mine | 60 sicles | ≈ 504 g | Poids administratif. |
| Talent | 60 mines | ≈ 30,2 kg | Standard du trésor impérial. |
| Unité | Origine | Équivalent moderne approximatif | Notes |
|---|---|---|---|
| Artabe (pour les matières sèches) | Perse | ≈ 51 L | Utilisée pour les céréales ; base du modius hellénistique ultérieur. |
| Jarre de type Homère (pour les liquides) | Mésopotamienne | ≈ 220 L | Employée dans les entrepôts royaux. |
La Perse se distingua de tous ses prédécesseurs comme un modèle d’approche empirique dans la gestion des territoires conquis, et ces principes peuvent être résumés en plusieurs thèses :
- Fiscalité efficace et uniformisation des poids et mesures.
- Infrastructures : canaux, routes et relais postaux.
- Tolérance commerciale : empire multiculturel et multilingue utilisant plusieurs monnaies.
- Diffusion culturelle : de l’Indus à l’Égée — leur métrologie influença plus tard les systèmes grec, séleucide et islamique.
Mais, comme toute invention, ses préoccupations enfantines et ses erreurs sous-estimées contribuèrent à la chute de la proto-empire. Les empires meurent toujours...
Les rives du fleuve Indus, et son frère le Gange, nous appellent !..
La région s’étendait largement, de la côte Iran–Pakistan à l’ouest jusqu’aux environs de Delhi moderne à l’est, et vers l’Afghanistan au nord.
Mais les sites tribaux furent principalement fondés le long du bassin du fleuve Indus, et ce sont précisément ces zones qui constituent le cœur de notre étude actuelle.
À des fins de généralisation, nous pouvons diviser la région en huit secteurs, chacun possédant sa propre singularité — à la fois territoriale et chronologique.
Approchons-les un à un, tels les fleuves eux-mêmes : sans hâte dans leur cours, et avec le respect dû à la grandeur du paysage que nous allons traverser.
🏕️ Hautes terres du Baloutchistan (Mehrgarh et vallées associées)
Sites du territoire : Mehrgarh (plaine de Kachi), Kili Gul Mohammad, Nausharo, Mundigak (frontière afghane).
Les sources archéologiques ont révélé les caractéristiques suivantes des établissements :
- Premières domestications du blé, de l’orge et du zébu (proposition de chercheurs, hypothétique).
- Maisons en briques crues à plusieurs pièces (hypothèse plausible).
- Tombes contenant des ornements en lapis-lazuli, turquoise et coquillages marins (preuve de réseaux commerciaux).
- Outils en cuivre et ateliers de fabrication de perles.
La population représentait ici des communautés agro-pastorales précoces, parfois identifiées comme des substrats pré-dravidiens ou proto-indusiens. La culture de Mehrgarh est considérée comme le berceau de la vie néolithique sud-asiatique, transmettant les techniques agricoles vers les plaines de l’Indus (selon des positions de chercheurs, souvent indirectes).
La période des sites étudiés s’étend de 7000 à 3300 av. J.-C.
🏕️ Haut bassin de l’Indus (Pendjab – régions du Ravi, Beas, Sutlej)
Nous parlons ici d’une période comprise entre 4000 et 2600 av. J.-C.
- Sites : Harappa, Kot Diji, Kalibangan I (phase ancienne), Jalilpur.
Les fondements de nos interprétations (parfois basés sur des artefacts réels) :
- Développement de villes entourées de murs en briques crues, petites citadelles et greniers à grain (données indirectes).
- Poterie faite à la main, ornée de motifs géométriques (artefacts avérés).
- Découverte de figurines de taureaux en terre cuite, de traces de charrues (Kalibangan) et de graines attestant une agriculture organisée (hypothèse plausible).
- Standardisation croissante des dimensions des briques et marques proto-écrites sur la poterie (très probable selon les découvertes).
- Associé à la culture de Kot Diji, probablement issue de migrants de Mehrgarh ayant migré vers l’est. Cette région comprenait vraisemblablement des clans agricoles fluviaux et des groupes commerciaux reliant collines et plaines (dérivé de recherches générales complexes).
🏕️ Sindh et bas bassin de l’Indus
La période étudiée ici couvre 3500–2600 av. J.-C.
- Sites : Amri, Mohenjo-daro (niveaux anciens), Chanhu-Daro, Kot Diji (type méridional).
- Les sources et interprétations comprennent de la poterie peinte et des céramiques tournées.
- Villes fortifiées précoces à planification urbaine en grille.
- Outils en cuivre, ornements en coquillage et objets en faïence.
- Usage croissant de poids standardisés et premiers échanges avec la Mésopotamie méridionale (Dilmun–Ur) (dérivations et hypothèses basées sur les artefacts).
Tous ces éléments nous mènent à ce que l’on appelle l’horizon culturel Amri–Nal à ses phases initiales. L’identité tribale demeure incertaine, mais ces peuples étaient probablement liés à des groupes proto-urbains engagés dans le commerce à longue distance. Leurs descendants devinrent le noyau urbain de Mohenjo-daro.
🏕️ Région de Ghaggar–Hakra (Sarasvati) — Frange orientale de l’Indus
Bien que la chronologie puisse sembler incohérente, notre parcours suit les rivières, non les dates. Cette région est datée entre 3800 et 1900 av. J.-C.
- Sites : Kalibangan I–II, Bhirrana, Banawali, Rakhigarhi.
- Que nous révèlent les artefacts fournis par les chercheurs ? De petits villages agricoles évoluant vers des villes le long de la Ghaggar–Hakra asséchée (souvent identifiée au mythique fleuve Sarasvati). Cette hypothèse repose sur plusieurs indices.
- Architecture en briques cuites, plans urbains en grille, sceaux, poids et ateliers de perles en pierres semi-précieuses (agate, cornaline) (partiellement attestés par les fouilles, logiquement acceptables).
Occupation continue du pré-Harappéen au Harappéen mûr (affirmation débattue).
Et place à l’imagination : la région montre une continuité depuis la culture Sothi–Siswal, probablement des clans agricoles qui furent plus tard intégrés au vaste réseau de l’Indus. Ils jouèrent un rôle majeur dans le maintien de la frontière agricole et commerciale orientale.
🏕️ Gujarat, Kutch et péninsule du Saurashtra
Cette période couvre environ 3700–1900 av. J.-C., avec les sites de Dholavira, Lothal, Rangpur, Surkotada, Kuntasi et Loteshwar. Les noms sont des reconstructions modernes, mais ce sont ceux reconnus par la recherche.
Les preuves montrent : villes fortifiées avec réservoirs et systèmes de gestion de l’eau (notamment Dholavira). Indices d’extraction du sel, de transformation des coquillages et de commerce maritime — hypothèses bien fondées sur des données archéologiques équilibrées.
- Usage précoce de poids en pierre et de marques proto-scripturales dérivées d’artefacts fouillés.
- Le chantier naval de Lothal atteste un commerce international avec le golfe Persique.
- Tout cela suggère que la région abritait les traditions d’Anarta et de Sorath, adaptation locale à l’écologie côtière aride. Les populations étaient habiles au commerce et à la navigation — probablement des locuteurs proto-dravidiens ou des tribus marchandes côtières.
🏕️ Rajasthan et zone culturelle d’Ahar–Banas
Période archéologique : 3000–1500 av. J.-C. Les artefacts montrent les sites pastoraux d’Ahar, Gilund et Balathal.
- Que révèlent les fouilles ?
- Villages chalcolithiques avec outils en cuivre, poterie tournée et plateformes en briques crues ; les vestiges suggèrent une agriculture cultivant l’orge, les lentilles et le riz.
- Style céramique distinctif : décor noir sur fond rouge. Des fours de fusion du cuivre indiquent une métallurgie indépendante.
Et pour spéculer un peu : la culture Ahar–Banas était semi-indépendante mais commerçait avec les Harappéens. Les tribus locales contrôlaient les ressources en cuivre et approvisionnaient le nord. Une continuité est visible dans les cultures proto-historiques ultérieures du Rajasthan.
🏕️ Frontière septentrionale et contreforts de l’Himalaya
- Notre chronique se déplace vers la période 4000–1800 av. J.-C. Les sites identifiés par les archéologues incluent Burzahom (Cachemire), Gufkral, Mandi et Sarai Khola.
- Les fouilles ont mis au jour : habitations creusées, outils en os, instruments de chasse et de pêche.
- La domestication des moutons, des chèvres et des céréales (surtout au Cachemire) est supposée à partir des découvertes.
- Des zones d’interaction entre groupes néolithiques d’Asie centrale et d’Inde peuvent être envisagées selon la localisation et les artefacts.
- Résumé hypothétique : populations liées aux premiers mouvements tibéto-birmans et indo-iraniens, maintenant des échanges montagnards apportant jade, turquoise et obsidienne vers le sud.
🏕️ Plateau du centre de l’Inde et Néolithique du Deccan (influence périphérique)
La période décrite couvre environ 2500–1500 av. J.-C.
- Les découvertes archéologiques identifient des sites tels que Chirand, Inamgaon, Nevasa et Daimabad.
- Les chercheurs ont fourni des preuves sur la vie des habitants régionaux durant cette époque.
Villages agricoles néolithiques à chalcolithiques utilisant des haches en pierre et des outils en cuivre, témoignant de la culture du riz, de l’élevage bovin et du commerce à longue distance de perles et de métaux.
- En soulignant ces faits et hypothèses, nous pouvons conclure que les populations du Deccan étaient distinctes mais influencées par les contacts nordiques. Daimabad a révélé une sculpture de char en bronze, symbolisant le lien entre la métallurgie méridionale et la tradition artistique de l’Indus.
Les auteurs présenteront ici, de manière scientifique et systématique, comment élaborer une théorie, formuler une hypothèse, puis en déduire des résultats qui serviront de modèles, lesquels, à l’étape suivante du processus de recherche, seront soumis à une évaluation de leur crédibilité.
Nous disposons donc d’un ensemble de cultures (inutile de les lister à nouveau — il suffit de jeter un œil au paragraphe précédent). Que doivent faire les scientifiques ? Par expérience, ils savent que tout être vivant localisé dans un territoire donné acquiert certaines caractéristiques dictées par les facteurs environnementaux. Par exemple, l’hippopotame dépend d’un habitat particulier : des lacs boueux, des marécages, des rives riches en végétation (principalement des buissons), une température dans une certaine fourchette, et d’autres conditions naturelles. Modifier radicalement ces conditions entraîne une diminution de la population de l’espèce, voire son extinction. Ces dispositions illustrent la méthode de collecte, de généralisation et de classification des données, qui fournit ensuite le pouvoir prédictif propre à l’approche scientifique.
De la même manière, classons les cultures citées. D’après leurs caractéristiques, nous pouvons les regrouper en deux grandes catégories selon leur spécialisation d’activité : la métallurgie (connaissance de base du travail des métaux), les bases de l’agriculture, la domestication animale et l’exploitation des ressources fluviales comme complément économique majeur.
Passons donc à la phase de classification. L’index 0 correspond aux Hautes Terres du Baloutchistan. Chaque culture sera évaluée par un score cumulatif : métallurgie (+2), domestication (+1), agriculture (+1), pêche (+0,5). Ainsi : [0] = métal (+2), domestication (+1), commerce (+2). Bassin supérieur de l’Indus (index 1) : [1] = domestication (+1), agriculture (+1). Sindh et bassin inférieur de l’Indus (index 2) : [2] = commerce (+2), métal (+2), agriculture (+1), domestication (+1). Région du Ghaggar–Hakra (Sarasvati) (index 3) : [3] = domestication (+1), agriculture (+1), commerce (+2). Gujarat, Kutch et péninsule du Saurashtra (index 4) : [4] = pêche (+0,5), commerce (+2), agriculture (+1), domestication (+1). Rajasthan et zone culturelle Ahar–Banas (index 5) : [5] = métal (+2), commerce (+2), domestication (+1), agriculture (+1). Frontière nord et contreforts himalayens (index 6) : [6] = pêche (+0,5), domestication (+1). Plateau du centre de l’Inde et Néolithique du Deccan (index 7) : [7] = métal (+2), commerce (+2), agriculture (+1), domestication (+1).
Le pré-calcul révèle les résultats suivants : [0]: 5, [1]: 2, [2]: 6, [3]: 4, [4]: 4.5, [5]: 6, [6]: 1.5, [7]: 6. Ces indices constituent ce que nous appellerons l’échelle de développement de la proto-société.
Cette section est purement spéculative, visant à illustrer les méthodes de classification et d’évaluation pour le lecteur ; elle ne contient aucun fait scientifique établi. Ci-dessous, nous explorerons les processus évolutifs réels du territoire et les comparerons aux prédictions présentées ici.
La civilisation de l’Indus (Harappéenne)
Transition de Mehrgarh à la phase harappéenne ancienne (vers 3500–2600 av. J.-C.)
Après la période chalcolithique tardive de Mehrgarh, la plaine de Kachi et les vallées voisines (Nausharo, Mundigak, Damb Sadaat) devinrent des centres régionaux interconnectés par le commerce et des traits culturels communs.
La civilisation de l’Indus (Harappéenne) — la première véritable « étaticité » (vers 2600–1900 av. J.-C.) : autour de 2600 av. J.-C., l’unification culturelle du Baloutchistan, du Sindh, du Pendjab et du nord-ouest de l’Inde donna naissance au premier système étatique de l’Asie du Sud.
Le Baloutchistan constituait l’aile occidentale de cette civilisation. Des sites comme Nausharo et Mehrgarh (dans leurs phases tardives) faisaient partie du réseau économique harappéen, probablement fournisseurs de métaux et de minéraux pour les grandes cités de l’Indus.
Effondrement de l’État harappéen (vers 1900–1300 av. J.-C.) : les causes probables incluent l’aridification climatique (assèchement du système fluvial Ghaggar–Hakra), le déclin du commerce avec la Mésopotamie et la fragmentation en cultures régionales plus petites (phase harappéenne tardive).
Les successeurs culturels au Baloutchistan : la culture Jhukar (Sindh et Baloutchistan) et la culture Kulli (sud du Baloutchistan, avec des villes fortifiées et des chefferies locales) représentaient des royaumes ou chefferies ruraux post-urbains dotés d’une bureaucratie limitée mais d’une élite bien distincte.
Après la désintégration du monde harappéen, les groupes iraniens et indo-aryens commencèrent à dominer la région. À l’est (Pendjab, bassin de l’Indus), les tribus indo-aryennes formèrent des janapadas — proto-royaumes tribaux qui donneront plus tard naissance aux mahajanapadas de l’Inde ancienne. Le Baloutchistan, périphérique, oscilla entre les sphères culturelles iranienne et sud-asiatique.
Le système de mesure de la civilisation de l’Indus (Harappa)
Il est temps de présenter le système de mesure culturel. Afin d’éviter toute fragmentation des unités, nous choisissons précisément la période comprise entre env. 2600 et 1900 av. J.-C. (phase harappéenne mûre) et notons que le système s’est principalement développé à partir de pratiques régionales antérieures (par ex. les cultures de Mehrgarh et d’Amri–Kot Diji, au début de la période harappéenne).
Comme facteur de classification, on peut supposer que ce système possédait des caractéristiques de standardisation et de décimalisation (base 10 et multiples de 2), uniforme sur plus de 1500 km — de Harappa à Dholavira —, témoignant d’une régulation centrale, utilisé pour le commerce, la fiscalité, l’architecture et l’artisanat. Il s’agit probablement de l’un des tout premiers systèmes métriques à l’échelle de l’État connus.
Avant de présenter les unités, il convient de clarifier quelques notes linguistiques et culturelles.
Continuité du « Karsha » (≈ 13,6 g) : L’Arthaśāstra et les textes bouddhiques anciens utilisent le terme karsha ou suvarna comme poids commercial standard. Sa masse (≈ 13,5 g) correspond presque exactement à l’unité de base harappéenne — suggérant la survie directe de la norme harappéenne jusque dans l’Inde historique précoce (2 000 ans plus tard).
Progression binaire + décimale : les multiples harappéens suivaient une expansion binaire (×2), tandis que les systèmes védiques et mauryens ultérieurs utilisaient 16 masha = 1 karsha — un autre schéma dérivé du binaire (2⁴). Cette cohérence mathématique suggère que le système de l’Indus a façonné la logique de la métrologie sud-asiatique ultérieure.
Absence de noms d’écriture : puisque les glyphes de l’Indus demeurent indéchiffrés, les chercheurs emploient des appellations descriptives (« unité harappéenne », « cube de chert Type A ») ou des noms indiens rétrospectifs à des fins pédagogiques et comparatives. Le parcours de transmission culturelle peut être ordonné ainsi : Mehrgarh → Harappa → Harappéen tardif → Védique → codification administrative mauryenne (Arthaśāstra). Chaque étape a préservé les rapports de masse et la progression binaire.
| Unité standard | Ratio | Équivalent métrique approximatif | Équivalent ultérieur probable (indo-aryen / dravidien) | Remarques |
|---|---|---|---|---|
| Unité de base | 1 | ≈ 13,7–14,0 g | karsha (sanskrit) ; kaṟcu (tamoul) | Unité fondamentale ; apparaît comme « karsha = 16 masha » dans le système védique ultérieur ; correspond précisément à la base harappéenne. |
| Unité double | 2 | ≈ 27–28 g | palā (skt.) ≈ 2 karsha = ≈ 27 g | Probablement équivalente à un ancien poids commercial ou mesure artisanale. |
| Unité quadruple | 4 | ≈ 55 g | ardha-prastha (skt.) ≈ 54 g | Utilisée dans les mesures de céréales et de métaux à l’époque mauryenne ancienne. |
| Unité octuple | 8 | ≈ 110 g | prastha (skt.) ≈ 108 g | Devenue plus tard la « livre du marchand ». |
| Unité de 16 | 16 | ≈ 220 g | āḍhaka (skt.) ≈ 216 g | Probablement utilisée comme unité de marché majeure ou pour l’évaluation des impôts. |
| Unité de 32 | 32 | ≈ 440 g | droṇa / suvarṇa | Poids de commerce important, parfois à usage rituel. |
| Unité de 64 | 64 | ≈ 880 g | bhāra (charge, fardeau) | Utilisée pour le grain, les lingots de cuivre ou la dîme ; probablement le poids administratif supérieur. |
| Unité standard | Preuve archéologique | Équivalent métrique approximatif | Source |
|---|---|---|---|
| Unité de base (« pied de l’Indus ») | Graduations sur règle en ivoire, plan de la ville de Dholavira | ≈ 33,5 cm | distance entre les repères |
| Demi-unité | sur les mêmes règles | ≈ 16,7 cm | utilisée dans les petits métiers |
| Sous-divisions décimales | lignes sur la règle d’ivoire montrant 10 sous-marques par unité | ≈ 3,35 cm | subdivision décimale |
| Unité double | dimensions des briques (proportions 1 × 2 × 4) | ≈ 67 cm | mesure de construction |
Le concept de classification correspond globalement aux données archéologiques :
- Briques : rapport standardisé 1 : 2 : 4 (hauteur : largeur : longueur).
- Les largeurs de rues, longueurs de murs et modules des greniers suivent des multiples de l’unité de ~33,5 cm.
| Type | Unité estimée | Volume métrique approximatif | Preuves |
|---|---|---|---|
| Mesure de grain (jarre type A) | 1 unité harappéenne | ≈ 1,1 L | moules de poterie standardisés |
| Grand bac de stockage | 10–100 unités | ≈ 10–100 L | silos de Harappa |
| Cellules de grenier urbain | module d’environ 6 × 3 m × 1,5 m | ≈ 27 m³ ≈ 27 000 L | utilisées pour la collecte des impôts en grain |
Application et administration — observations spéculatives :
- Usages principaux : comptabilité commerciale (poids trouvés dans les marchés et ports), ateliers d’artisanat (perlerie, métallurgie), urbanisme — les modules de briques et de rues impliquent une autorité centrale, probablement liée à la perception d’impôts ou de dîmes (preuves des greniers).
- L’uniformité suggère une autorité métrologique centrale — peut-être une « maison des étalons » ou un bureau du temple, analogue à la « Maison des Poids » mésopotamienne.
Les sceaux de l’Indus pourraient coder des marques métrologiques ; certains pictogrammes représenteraient des valeurs standardisées ou des types de marchandises.
La diversité régionale des États de l’Inde ancienne
La civilisation de l’Indus (ou harappéenne) que nous avons présentée ci-dessus n’est qu’un des phénomènes socio-culturels issus des proto-cultures de la région. Dans cette section, nous vous présenterons plusieurs d’entre eux.
Chacun de ces États possédait sa propre structure d’organisation, sa religion et, par conséquent, son propre système de mesure.
Les royaumes seront présentés brièvement, avec des remarques sur leurs principales caractéristiques et la langue utilisée.
Alors, allons-y !..
🏰 Royaume de Mohenjo-Daro (vallée inférieure de l’Indus)
Localisation : Sindh, près du delta de l’Indus.
Écologie : Environnement fluvial et marécageux nécessitant une gestion des inondations.
Type d’autorité : Théocratie rituelle-bureaucratique — prêtres-ingénieurs contrôlant les ouvrages hydrauliques et sanitaires.
Identité culturelle : Cosmopolite ; contacts maritimes avec la Mésopotamie ; planification urbaine étendue.
Langue : Même famille d’écriture, mais probablement un dialecte différent de celui d’Harappa ; motifs de sceaux plus riches en totems animaux.
Principe distinctif : Pureté, maîtrise de l’eau et hygiène urbaine considérées comme devoirs sacrés de l’État.
🏰 Royaume de Saraswati / Ghaggar–Hakra
Localisation : Haryana–Rajasthan–Cholistan, le long de l’ancienne rivière Ghaggar–Hakra aujourd’hui asséchée.
Écologie : Rivière saisonnière alimentée par la mousson ; cœur agricole.
Type d’autorité : Monarchie hydraulico-rituelle (système des prêtres du feu) — légitimité étatique fondée sur la pureté du feu et de l’eau.
Identité culturelle : Spiritualité proto-védique ; usage intensif des autels du feu ; symbolisme du champ labouré.
Langue : Pourrait représenter une couche linguistique pré-indo-aryenne ayant influencé la terminologie rituelle du sanskrit ancien.
Principe distinctif : Intégration de la religion et du gouvernement — forme précoce de « royauté sacrée ».
🏰 Royaume de Dholavira (île de Kutch, Gujarat)
Localisation : Île de Khadir Bet dans le désert du Rann de Kutch.
Écologie : Bassin aride et salin, dépendant de grands réservoirs.
Type d’autorité : Monarchie citadine avec élite d’ingénieurs hydrauliques ; défensive et autosuffisante.
Identité culturelle : Ordre d’écriture distinct (moins de sceaux animaux) ; signalétique bilingue unique ; géométrie civique et planification monumentale.
Langue : Probablement apparentée au groupe occidental (élamite–dravidien) ; vocabulaire hautement régionalisé sur les sceaux.
Principe distinctif : Souveraineté hydraulique — le contrôle de l’eau comme symbole de légitimité.
🏰 Royaume de Lothal (côte du Gujarat)
Localisation : Près de l’actuelle Ahmedabad ; estuaire de la rivière Sabarmati.
Écologie : Zone côtière et deltaïque ; accès maritime à la mer d’Arabie.
Type d’autorité : Monarchie portuaire-mercantile / gouvernorat — régulation du commerce, douanes et registre maritime.
Identité culturelle : Orientée vers le commerce et l’artisanat ; société plus bureaucratique que rituelle.
Langue : Même écriture de l’Indus mais adaptée aux sceaux marchands ; indices de termes de contact avec le sumérien.
Principe distinctif : Autorité commerciale et diplomatie extérieure — un proto-« ministère du commerce ».
🏰 Royaume de Chanhu-Daro (cœur du Sindh)
Localisation : Entre Harappa et Mohenjo-Daro, le long de l’Indus.
Écologie : Zone semi-aride, soutenue par des canaux d’irrigation.
Type d’autorité : Cité-État industrielle administrée par des guildes ; gestion civique déléguée aux chefs de métiers.
Identité culturelle : Économie hautement spécialisée ; société laïque axée sur la production.
Langue : Probablement le même dialecte que Mohenjo-Daro, avec des notations industrielles sur les sceaux.
Principe distinctif : Corporatisme économique — pouvoir fondé sur la productivité plutôt que le sacerdoce.
🏰 Royaume d’Amri (Sindh inférieur)
Localisation : Sud du Sindh, entre plaine de l’Indus et contreforts du Baloutchistan.
Écologie : Zone de transition entre collines et plaine ; agriculture précoce et commerce du cuivre.
Type d’autorité : Proto-royaume fortifié / monarchie clanique ; défense locale et régulation du commerce.
Identité culturelle : Poterie et architecture distinctes ; semi-indépendant du noyau de l’Indus.
Langue : Proto-dravidienne, dialecte pré-urbain ; usage limité de l’écriture.
Principe distinctif : Défense frontalière et échange de métaux — autonomie locale au sein d’une fédération.
🏰 Royaume de Nausharo–Mehrgarh (hauts plateaux du Baloutchistan)
Localisation : Région du col de Bolan, près de Quetta.
Écologie : Zone agricole de montagne et de mines de cuivre.
Type d’autorité : Monarchie tribale-agraire centrée sur la métallurgie ; précurseur de la métallurgie de l’Indus.
Identité culturelle : Continuité du Néolithique de Mehrgarh ; figurines de déesses et totems montagnards.
Langue : Probablement un mélange dravidien ancien / proto-élamite.
Principe distinctif : Souveraineté des ressources — contrôle des minerais plutôt que du commerce urbain.
🏰 Royaume de Surkotada (frontière Kutch–Rajasthan)
Localisation : Nord-est du Kutch.
Écologie : Zone semi-désertique frontalière ; couloir commercial et défensif.
Type d’autorité : Principauté militaire-frontalière protégeant le commerce intérieur des nomades.
Identité culturelle : Fortifications réduites ; présence de restes de chevaux (les plus anciens en Inde).
Langue : Dialecte occidental de la famille harappéenne.
Principe distinctif : Défense frontalière, innovation cavalière et contrôle des douanes.
Les auteurs se sont permis de comparer les royaumes selon leurs principales différences, adaptées à ce stade de notre exploration culturelle...
Il s’agissait de régions culturelles et politiques distinctes, et non de provinces uniformes.
Les langues ou dialectes différaient probablement — tous utilisaient l’écriture de l’Indus, mais représentaient plusieurs communautés linguistiques (dravidienne, élamo-dravidienne, proto-indo-iranienne).
Les systèmes d’autorité variaient : certains étaient rituels-théocratiques (Saraswati, Mohenjo-Daro), d’autres bureaucratiques ou commerciaux (Harappa, Lothal), et quelques-uns militaires ou fondés sur les ressources (Surkotada, Nausharo).
L’unité fédérative provenait de normes communes : poids, proportions de briques et une idéologie symbolique de l’ordre et de la pureté.
| Région | Type écologique | Modèle d’autorité | Accent culturel et linguistique |
|---|---|---|---|
| Harappa (Nord) | Plaines fertiles | Administration bureaucratique | Langue à structure dravidienne ; écriture formalisée |
| Mohenjo-Daro (Sud) | Delta fluvial | Théocratie rituelle | Cosmopolite ; lexique maritime |
| Saraswati (Est) | Zone agricole semi-aride | Monarchie du prêtre du feu | Proto-védique ; précurseurs du sanskrit rituel |
| Dholavira (Ouest) | Île désertique | Monarchie hydraulique | Dialecte local ; accent sur la géométrie civique |
| Lothal (Côte) | Delta maritime | Bureaucratie commerciale | Vocabulaire du commerce ; sceaux bilingues |
| Chanhu-Daro (Sind central) | Plaine semi-aride | Administration des guildes | Vocabulaire industriel ; notation numérique |
| Amri–Nausharo (Frontière) | Lisière montagneuse | Monarchie des ressources | Lexique proto-dravidien de la métallurgie |
| Surkotada (Frontière) | Désert frontalier | Principauté défensive | Terminologie militaire ; sceaux interculturels |
| Type de relation | Preuves et nature |
|---|---|
| Échanges commerciaux et économiques | Des sceaux, poids et proportions de briques identiques sur plus d’un million de km² montrent une fédération économique interrégionale. Harappa exportait des produits finis vers le sud ; Lothal gérait le fret maritime ; Dholavira contrôlait les caravanes du désert ; Nausharo fournissait le cuivre et la pierre. |
| Communication culturelle et administrative | Le même système d’écriture, le même style d’ingénierie urbaine et la même métrologie suggèrent une coordination constante — probablement des réunions annuelles de prêtres-administrateurs ou de marchands itinérants qui maintenaient l’uniformité des normes. |
| Unité diplomatique ou religieuse | L’iconographie partagée (le sceau du « licorne », la figure de Pashupati, les motifs aquatiques ou animaux) implique un ordre symbolique commun, semblable à la bannière d’une confédération. |
| Concurrence et rivalités locales | Les fortifications, bastions défensifs et changements de routes commerciales indiquent des rivalités commerciales et territoriales plutôt que des guerres à grande échelle. Il faut les considérer comme des cités-États concurrentes — à l’image d’Ur et Lagash en Sumer. |
| Échelle des conflits | Aucune preuve de conquête impériale ou de guerre organisée — pas de fosses communes ni de couches brûlées comparables aux guerres du Proche-Orient. Les conflits étaient probablement des blocus économiques ou des raids brefs. |
| Communication inter-royaumes | Des routes fluviales et côtières reliaient les neuf royaumes : le corridor Indus–Ravi–Sutlej–Hakra à l’intérieur des terres, et le commerce côtier reliant Lothal/Dholavira jusqu’à Oman et au golfe Persique. |
En résumant le paysage du territoire, ses habitants et son évolution historique, les seules conclusions possibles sont :
- La civilisation de l’Indus fonctionnait comme une fédération de neuf royaumes régionaux, chacun autonome mais uni par un ordre technique et moral commun : propreté civique, poids standardisés et échanges réglementés.
- Aucun « empire » unique ne dominait les autres ; le pouvoir était réparti, équilibré par le commerce et une idéologie commune.
- Leur système dura six à sept siècles — plus longtemps que la plupart des monarchies de l’âge du bronze — parce que la coopération prévalait sur la conquête.
Examinons les systèmes de mesure et leurs valeurs afin de combler l’écart entre le contexte culturel et son approche métrologique.
En outre, nous notons ici certains points critiques qui demandent clairement des précisions : malgré de faibles écarts régionaux (±1 cm par coudée, ±1 % par poids), les neuf royaumes suivaient tous :
- Un système pondéral binaire–décimal basé sur ≈ 13,6 g.
- Une coudée linéaire ≈ 33–34 cm, divisée en 30 sous-marques (~1,1 cm).
- Un rapport de briques 1 : 2 : 4 définissant une architecture modulaire.
| Royaume | Coudée locale (cm) | % Différence vs Harappa | Relation à 1 m | Relation entre eux |
|---|---|---|---|---|
| Harappa | 33,5 cm | — | 1 m = 2,985 coudées | Norme de base |
| Mohenjo-Daro | 33,5 cm | 0 % | 1 m = 2,985 coudées | Identique à Harappa |
| Saraswati / Ghaggar–Hakra | 33,8 cm | +0,9 % | 1 m = 2,958 coudées | +1 % plus longue que Harappa |
| Dholavira | 34,5 cm | +3,0 % | 1 m = 2,90 coudées | +3 % plus longue ; identique à Lothal |
| Lothal | 34,0 cm | +1,5 % | 1 m = 2,94 coudées | ±1 % de Dholavira |
| Chanhu-Daro | 33,5 cm | 0 % | 1 m = 2,985 coudées | Identique à Harappa et Mohenjo-Daro |
| Amri | 30,0 cm | −10,4 % | 1 m = 3,33 coudées | 10 % plus courte — forme pré-standard |
| Nausharo–Mehrgarh | 33,0 cm | −1,5 % | 1 m = 3,03 coudées | ≈ plage harappéenne |
| Surkotada | 33,7 cm | +0,6 % | 1 m = 2,97 coudées | ±1 % de Harappa |
| Royaume | Poids de base local (g) | % Différence vs Harappa | Progression binaire/décimale | Relation entre eux |
|---|---|---|---|---|
| Harappa | 13,60 g | — | 1, 2, 4, 8, 16, 32… ; 160, 320, 640… | Référence de base |
| Mohenjo-Daro | 13,65 g | +0,4 % | Progression identique | Précision équivalente |
| Saraswati / Ghaggar–Hakra | 13,70 g | +0,7 % | 1, 2, 4 … variantes en hématite | À ±1 % de Harappa |
| Dholavira | 13,80 g | +1,5 % | Même progression | Série légèrement plus lourde |
| Lothal | 13,65 g | +0,4 % | Ensembles de quai ; usage maritime | Correspond à Mohenjo-Daro |
| Chanhu-Daro | 13,55 g | −0,4 % | Doublons industriels | Correspond à Harappa |
| Amri | 12,00 g | −11,8 % | Pré-harappéen, irrégulier | Proto-système |
| Nausharo–Mehrgarh | 14,00 g | +2,9 % | Poids coniques précoces | Forme de transition |
| Surkotada | 13,60 g | 0 % | Cubes de silex de frontière | Identique à Harappa |
| Royaume | Volume de base | Équivalent métrique | Relation avec Harappa | Contexte fonctionnel |
|---|---|---|---|---|
| Harappa | 1 pot à grains | ≈ 0,8 L | Standard de base | Stockage civique et mesure de la dîme |
| Mohenjo-Daro | 1 unité de boîte | 0,8–0,9 L | ± 5 % | Compartiments des greniers |
| Saraswati / Kalibangan | Module de silo | 0,75 L | −6 % | Autel du feu et offrande de grains |
| Dholavira | Cruche à eau | 1,0 L | +25 % | Stockage hydraulique |
| Lothal | Caisse portuaire | 1,2 L | +50 % | Contrôle douanier, cargaisons maritimes |
| Chanhu-Daro | Cruche d’atelier | 0,4–0,8 L | −20 – 0 % | Dosage artisanal |
| Amri | Bol de fosse | ≈ 0,7 L | −12 % | Usage domestique pré-standard |
| Nausharo–Mehrgarh | Cruche en poterie | 0,75 L | −6 % | Continuité néolithique |
| Surkotada | Cruche domestique | 0,8 L | 0 % | Stockage domestique |
Avant le résumé — Lectures recommandées
Pour se familiariser avec les approches scientifiques modernes — collecte et classification des données, formulation d’hypothèses et méthodologie — nous recommandons la lecture de : Journal of Anthropological Archaeology 64 (2021) 101346, 0278-4165 / © 2021 The Author(s). Publié par Elsevier Inc. Article en libre accès sous licence CC BY-NC-ND (http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/). Setting the wheels in motion: Re-examining ceramic forming techniques in Indus Civilisation villages in northwest India.
Pour une vue d’ensemble complète des cultures de l’Âge du bronze ancien de la civilisation de l’Indus et des régions frontalières, nous recommandons : A People's History of India 2 — The Indus Civilisation, incluant d’autres cultures de l’Âge du cuivre et l’histoire du changement linguistique jusqu’en 1500 av. J.-C. (Irfan Habib, Aligarh Historians Society, 2002, ISBN : 81-85229-66-X).
Dans cette section, nous tenterons de rassembler tous nos cours d’eau en un seul fleuve d’aboutissements — des cultures préhistoriques aux royaumes — et de nous demander : nos prédictions, fondées sur une méthode d’évaluation incomplète et peut-être spéculative, ont-elles réussi ?
Les deux rives des fleuves que nous avons traversées ici — le moment est venu de faire une pause avant de quitter les terres de l’Indus
Des cultures néolithiques–chalcolithiques → au système des royaumes de l’Indus (7000–1900 av. n. è.)
| Culture préhistorique / régionale | Période approximative | Sort historique | Royaume ou région successeur | Nature de la transformation |
|---|---|---|---|---|
| Mehrgarh (plaine de Kachi, Baloutchistan) | 7000–3300 av. n. è. | Transformée | → Royaume de Nausharo–Mehrgarh (hauteurs du Baloutchistan) | Devint la base métallurgique et agricole de la première Indus ; continuité dans l’agriculture, l’usage du cuivre et la fabrication de perles. |
| Kili Gul Mohammad / Mundigak (frontière afghane) | 6000–3500 av. n. è. | Absorbée puis disparue | → Frontière occidentale du royaume de Nausharo | Les échanges précoces avec l’Iran et l’Asie centrale déclinèrent après 2500 av. n. è. ; la population fut intégrée dans les marges hautes de l’Indus. |
| Kot Diji / phase de Ravi (haut Indus) | 4000–2600 av. n. è. | Évoluée | → Royaume d’Harappa (bassin supérieur de l’Indus) | Développement de briques standardisées, de murs fortifiés, de signes scripturaux → précurseur direct de la bureaucratie urbaine d’Harappa. |
| Horizon Amri–Nal (frontière Sindh–Baloutchistan) | 3500–2600 av. n. è. | Évolué | → Royaume d’Amri et zone de Mohenjo-Daro | Poteries proto-urbaines et plans fortifiés → réseau administratif méridional de la fédération tardive de l’Indus. |
| Sothi–Siswal / Kalibangan ancien (Ghaggar–Hakra) | 3800–2600 av. n. è. | Transformée | → Royaume de Saraswati / Ghaggar–Hakra | Les villages se regroupèrent en villes rituelles et hydrauliques ; continuité dans les autels de feu et la structure des champs. |
| Traditions d’Anarta et de Sorath (Gujarat–Kutch–Saurashtra) | 3700–1900 av. n. è. | Fusionnées et survécues | → Royaumes de Dholavira, Lothal, Surkotada | Les cultures côtières et désertiques locales fusionnèrent dans la confédération maritime ; autonomie maintenue à la fin de la période harappéenne. |
| Culture d’Ahar–Banas (Rajasthan) | 3000–1500 av. n. è. | Partiellement survivante | → Commerce avec Harappa ; plus tard absorbée par les Janapadas védiques | Fournit du cuivre vers le nord ; subsista comme culture rurale post-harappéenne. |
| Complexe de Burzahom–Gufkral (Cachemire–Himalaya) | 4000–1800 av. n. è. | Survécu hors du cœur de l’Indus | → Lié à la steppe d’Asie centrale ; plus tard contacts indo-iraniens | Jamais urbanisé ; mode de vie néolithique poursuivi jusqu’à l’âge du fer. |
| Néolithique–chalcolithique du Deccan (Inamgaon, Daimabad) | 2500–1500 av. n. è. | Développement indépendant | → Traditions du bronze du Deccan ; plus tard cœur du royaume Satavahana | Influencé par la métallurgie de l’Indus mais non politiquement intégré à la fédération. |
| Royaume de l’Indus | Culture(s) d’origine | Degré de continuité | Résultat |
|---|---|---|---|
| Harappa | Kot Diji, phase Ravi | Directe, complète | Cœur bureaucratique urbain |
| Mohenjo-Daro | Horizon Amri–Nal | Forte | Grande capitale méridionale ; centre du commerce maritime |
| Saraswati / Ghaggar–Hakra | Sothi–Siswal / Kalibangan ancien | Directe | Monarchie rituelle et hydraulique orientale |
| Dholavira | Anarta + Sorath | Évolution régionale complète | Monarchie hydraulique du désert et des îles |
| Lothal | Anarta + Sorath | Complète | Royaume portuaire et marchand ; fédération maritime |
| Surkotada | Extension Sorath | Directe | Forteresse frontalière et royaume militaire |
| Chanhu-Daro | Amri–Nal | Forte | Cité-État industrielle et corporative |
| Amri | Amri–Nal ancien | Continuité | Royaume proto-urbain fortifié |
| Nausharo–Mehrgarh | Culture des hautes terres de Mehrgarh | Directe | Royaume des ressources de montagne ; racines les plus anciennes de la société de l’Indus |
| Culture | Raison de la disparition | Conséquence |
|---|---|---|
| Kili Gul Mohammad / Mundigak | Les routes commerciales se sont déplacées vers l’est ; isolement après 2600 av. J.-C. | Abandonnée, absorbée par les hautes terres de l’Indus |
| Amri–Nal (en tant qu’entité indépendante) | Intégrée dans le système commercial élargi de l’Indus | Perte d’indépendance, traditions préservées dans la céramique |
| Sothi–Siswal (en tant que culture distincte) | Fusionnée sous l’urbanisme de Saraswati | Absorbée par les royaumes rituels orientaux de l’Indus |
| Culture | Manifestation ultérieure |
|---|---|
| Ahar–Banas | Le commerce du cuivre s’est poursuivi dans les cultures védiques précoces du Rajasthan |
| Anarta & Sorath | Ont perduré dans les arts de Dholavira–Lothal jusqu’à la fin de la période harappéenne (vers 1700 av. J.-C.) |
| Chalcolithique du Deccan | S’est poursuivi de manière indépendante ; lié à la tradition du bronze de Daimabad (~1500 av. J.-C.) |
| Burzahom–Gufkral | Ont survécu comme cultures pastorales et agricoles des hautes terres jusqu’à l’âge du fer ; possible interface indo-aryenne |
Et il est maintenant temps de vérifier nos scores de prédiction depuis le début :
Les cultures totalement disparues que nous avons identifiées ici (basées sur des faits), indexées dans nos prévisions comme suit :
- [0](Plaine de Kachi, col de Bolan, Quetta et régions frontalières afghanes), nous avons attribué à cette culture un score de +5
- [1](Bassin supérieur de l’Indus (région du Pendjab – rivières Ravi, Beas, Sutlej)), nous lui avons attribué un score de 2
- [2](Sindh et le bassin inférieur de l’Indus), notre évaluation de réussite dans le développement consécutif : +6
- [3](Région de Ghaggar–Hakra (Sarasvati) — bordure orientale de l’Indus), nous avons attribué à ces tribus un score de 4
- [4](Gujarat, Kutch et péninsule du Saurashtra (Dholavira, Lothal, Rangpur, Surkotada, Kuntasi, Loteshwar, Nagwada, Bagasra)), notre prévision : 4,5
- [5](Rajasthan et zone culturelle d’Ahar–Banas (Ahar, Gilund, Balathal, Ojiyana, Bagor (Néolithique ancien))), nous avons noté cette culture à 6
- [6](Frontière nord et contreforts himalayens (Burzahom, Gufkral (Cachemire), Mandi (Himachal), Sarai Khola (plateau du Potwar, nord du Pakistan), Loebanr, Ghaligai (vallée du Swat))), potentiel estimé à 1,5
- [7](Plateau du centre de l’Inde et Néolithique du Deccan (Chirand (Bihar, bordure orientale), Inamgaon, Nevasa, Daimabad, Tekwada, Kayatha, Navdatoli (régions du Madhya Pradesh et du Maharashtra))), estimation : 6
Ci-dessous, nous présenterons le tableau avec les données réelles et nos prévisions. Si notre score de prédiction est inférieur à 3, la tribu n’a probablement pas survécu ; sinon, nous attribuons un V vert comme score partiellement adaptable. À l’inverse, si une tribu a disparu alors que nous lui avions donné une valeur élevée, cela est considéré comme une erreur de prévision.
| index | taux | période | tribu | destin | succès/échec |
|---|---|---|---|---|---|
| [0] | 5 | 7000–3300 av. J.-C. | Mehrgarh (plaine de Kachi) | A survécu et s’est transformée | ✅ |
| [0] | 5 | 3300–2600 av. J.-C. | Nausharo | A complètement survécu (absorbée) | ✅ |
| [0] | 5 | 6000–3500 av. J.-C. | Kili Gul Mohammad (près de Quetta) | Disparue / absorbée | ❌ |
| [0] | 5 | 5000–3000 av. J.-C. | Mundigak (sud de l’Afghanistan) | Disparue indépendamment | ❌ |
| [1] | 2 | 4000–2600 av. J.-C. | Kot Diji | Transformée → a survécu | ❌ |
| [1] | 2 | 3500–2800 av. J.-C. | Phase de Ravi (niveaux Harappa I) | A complètement survécu | ❌ |
| [1] | 2 | 3500–2800 av. J.-C. | Kalibangan I (phase ancienne) | Fusionnée vers l’est | ❌ |
| [1] | 2 | 4000–3000 av. J.-C. | Jalilpur | Disparue / absorbée | ✅ |
| [2] | 6 | 3600–2600 av. J.-C. | Horizon Amri–Nal (frontière Sindh–Baloutchistan) | Transformée → a survécu | ✅ |
| [2] | 6 | 2600–1900 av. J.-C. | Mohenjo-Daro (secteurs DK-G, DK-A, HR) | A complètement survécu (jusqu’à la fin de la période Harappéenne) | ✅ |
| [2] | 6 | 2600–1900 av. J.-C. | Chanhu-Daro | Survie partielle (industrielle) | ✅ |
| [2] | 6 | 3500–2600 av. J.-C. | Kot Diji (sud) | Fusionnée vers le nord | ✅ |
| [2] | 6 | 1900–1500 av. J.-C. | Culture Jhukar (Harappéenne tardive, après 1900 av. J.-C.) | Survie partielle | ❌ |
| [3] | 4 | 3800–2600 av. J.-C. | Culture Sothi–Siswal (pré-Harappéenne) | Transformée → a survécu | ✅ |
| [3] | 4 | 3500–1900 av. J.-C. | Kalibangan I–II | A complètement survécu jusqu’à la période Harappéenne mûre | ✅ |
| [3] | 4 | 4000–2000 av. J.-C. | Bhirrana | A survécu le plus longtemps | ✅ |
| [3] | 4 | 3000–1800 av. J.-C. | Banawali | A survécu → déclin lent | ✅ |
| [3] | 4 | 3500–1900 av. J.-C. | Rakhigarhi | A complètement survécu | ✅ |
| [4] | 4.5 | 3700–2500 av. J.-C. | Tradition Anarta (nord du Gujarat) | Transformée → a survécu | ✅ |
| [4] | 4.5 | 2600–1900 av. J.-C. | Culture Harappéenne de Sorath (Saurashtra et Kutch) | A complètement survécu | ✅ |
| [4] | 4.5 | 3000–1800 av. J.-C. | Dholavira | A survécu le plus longtemps | ✅ |
| [4] | 4.5 | 2400–1900 av. J.-C. | Lothal | A survécu (plus tard rurale) | ❌ |
| [4] | 4.5 | 2300–1700 av. J.-C. | Surkotada | Survie partielle | ✅ |
| [4] | 4.5 | 2500–1500 av. J.-C. | Rangpur, Kuntasi, Loteshwar | A survécu comme phase Harappéenne tardive | ✅ |
| [5] | 6 | 5000–3000 av. J.-C. | Bagor (précurseur néolithique) | Transformée → a survécu | ✅ |
| [5] | 6 | 3000–1500 av. J.-C. | Ahar (région d’Udaipur) | A complètement survécu | ✅ |
| [5] | 6 | 2600–1500 av. J.-C. | Gilund | A survécu → déclin progressif | ❌ |
| [5] | 6 | 3000–1500 av. J.-C. | Balathal | A survécu longtemps | ✅ |
| [5] | 6 | 2200–1600 av. J.-C. | Ojiyana | Survie partielle | ✅ |
| [6] | 1.5 | 3000–1800 av. J.-C. | Burzahom (vallée du Cachemire) | A survécu longtemps | ❌ |
| [6] | 1.5 | 4000–2000 av. J.-C. | Gufkral (Cachemire) | A survécu → ruralisée | ✅ |
| [6] | 1.5 | 3500–2000 av. J.-C. | Mandi (piémonts de l’Himalaya) | Survie partielle | ❌ |
| [6] | 1.5 | 3300–2000 av. J.-C. | Sarai Khola (plateau du Potwar) | Absorbée / transformée | ❌ |
| [6] | 1.5 | 2400–1700 av. J.-C. | Vallée du Swat (complexe Loebanr–Ghaligai) | A survécu → a évolué | ❌ |
| [7] | 6 | 2400–2000 av. J.-C. | Culture Kayatha (Madhya Pradesh) | Transformée → a survécu | ✅ |
| [7] | 6 | 2000–1500 av. J.-C. | Culture Malwa | A complètement survécu | ✅ |
| [7] | 6 | 2200–1500 av. J.-C. | Daimabad (Maharashtra) | A survécu → a évolué | ✅ |
| [7] | 6 | 1800–1200 av. J.-C. | Inamgaon | A survécu | ✅ |
| [7] | 6 | 2000–1500 av. J.-C. | Nevasa | Survie partielle | ❌ |
| [7] | 6 | 2500–1500 av. J.-C. | Chirand (Bihar) | A survécu | ✅ |
Comme vous pouvez le remarquer, dans notre jeu, nous n’avons pas utilisé de données complexes avec des descriptions détaillées de chaque culture, leurs caractéristiques, des perspectives multiples pour le filtrage des données ou de nombreux outils méthodologiques courants. Mais en tant que jeu, le collectif d’auteurs espère que l’expérience vous a été intéressante. Et maintenant, il est temps de changer de lieu — vers une région qui ne cache pas moins de secrets et regorge de découvertes potentielles sur les principes culturels et sociaux de la construction de la société humaine...
La Chine à l’époque où le monde était jeune
À l’époque moderne, pour les cultures occidentales, l’Extrême-Orient demeure caché et mystérieux. La curiosité, encore soutenue par la nature humaine, se fie trop souvent aux récits qui se propagent dans des bulles auto-entretenues, où chacun de nous s’enferme, plutôt que de s’appuyer sur des faits rigoureux, tangibles et éprouvés. Les auteurs, animés par la mission de construire des ponts entre la réalité et ces bulles, feront circuler un flux régulier de gouttes bien dosées de vérité — dans l’espoir de remplacer les mythes par des faits qui, par leur nature même, ne sont pas moins fascinants que les contes de fées.
Ce chapitre guide le lecteur à travers la région aujourd’hui bien connue sous le nom de Chine. Bien sûr, notre principal intérêt est d’en tirer les mesures culturelles, mais pourquoi perdre l’occasion d’en découvrir un peu plus ?..
✏️ Les auteurs proposent à nos lecteurs quelques ajustements dans la manière de présenter la méthodologie du contexte culturel. Compte tenu de la grande diversité des proto-cultures dans la région, nous commencerons par les entités plus consolidées et centralisées (États bien établis), et nous remonterons leurs origines de manière descendante. À notre avis, cette approche facilitera la compréhension de la complexité des processus d’évolution socio-culturelle, avec tous leurs effets et leurs cohérences relationnelles.
Pour la commodité du lecteur, nous fournissons plusieurs préfaces accompagnées de tableaux nécessaires à une perception plus précise des données contextuelles. Le premier sera consacré aux transcriptions et aux règles de lecture, et s’intitulera Références du Pinyin.
| Pinyin | Prononciation approximative (API/Anglais) | Signification / Contexte | Orthographe ancienne courante | Notes |
|---|---|---|---|---|
| Qin | « Cheen » | Première dynastie impériale unifiée (221–206 av. J.-C.) | Ch’in, Tsin, Tsun | Source du mot Chine. |
| Han | « Hahn » | Dynastie successeur ; instaura la bureaucratie confucéenne | Han | Archétype culturel de l’ethnie chinoise. |
| Zhou | « Joe » | Dynastie féodale pré-impériale | Chou | Transition des tribus vers les premiers États. |
| Shang | « Shahng » | Dynastie de l’âge du bronze précédant Zhou | Shang | Connue pour les os oraculaires et les inscriptions de bronze. |
| Tang | « Tahng » | Dynastie florissante ultérieure (618–907 apr. J.-C.) | T’ang | Symbole de la culture chinoise classique. |
| Yuan | « Yoo-en » | Dynastie mongole (1271–1368 apr. J.-C.) | Yüan | Fondée par Kubilaï Khan. |
| Ming | « Meeng » | Dynastie après la domination mongole (1368–1644 apr. J.-C.) | Ming | Âge des explorations maritimes. |
| Qing | « Ching » | Dynastie mandchoue (1644–1912 apr. J.-C.) | Ch’ing | Dernière dynastie impériale ; formalisa le mandarin. |
| Luoyang | « Lwoh-yahng » | Capitale impériale (diverses dynasties) | Loyang | Souvent associée à Chang’an. |
| Chang’an | « Chahng-ahn » | Capitale des dynasties Han et Tang | Ch’ang-an | Xi’an moderne. |
| Chi / Cun / Li | chee / tsun / lee | Unités de longueur traditionnelles (≈ 23 cm / 3,33 cm / 500 m) | chih / ts’un / li | Apparaissent dans les tableaux de mesure. |
Comme nous l’avons mentionné, notre point de départ est tiré d’États bien établis...
En tant qu’États identifiables, on peut distinguer, dans la rétrospective historique chinoise de l’Antiquité, deux empires majeurs.
⛩️ L’Empire Qin (Dynastie Qin, 221–206 av. J.-C.) — le premier État impérial unifié de l’histoire chinoise. Cet État servira de principal objet pour notre analyse descendante, retraçant les origines culturelles de la civilisation. Fondé par Qin Shi Huang, qui unifia les territoires des Royaumes Combattants, le Qin instaura une centralisation complète de la bureaucratie, et normalisa les poids, les mesures, l’écriture et la loi. Fonctionnellement, le Qin établit le modèle même de ce que signifie « empire » dans le contexte chinois — un commandement centralisé de l’Empereur à travers les préfectures administratives.
⛩️ L’Empire Han (Han occidental, 206 av. J.-C. – 9 apr. J.-C. ; Han oriental, 25 – 220 apr. J.-C.) — successeur et stabilisateur du modèle Qin, plus durable et plus riche culturellement. Le gouvernement Han introduisit la bureaucratie confucéenne, les premières racines des examens de la fonction publique, et un équilibre entre l’autorité centrale impériale et l’administration locale. Il étendit le contrôle territorial vers l’Asie centrale par la Route de la Soie, marquant la deuxième grande consolidation impériale de l’histoire chinoise.
⛩️ Le contexte Zhou (vers 1046–256 av. J.-C.)
La dynastie Zhou se distingua par ses réalisations dans la réunion de dizaines de territoires, parvenant finalement à les unir en un seul État sous l’autorité unique de l’empereur. Néanmoins, ce processus ne fut pas immédiat — la période de consolidation dura plus de sept siècles et demi.
– La dynastie Zhou succéda à la dynastie Shang et introduisit le concept du Mandat du Ciel — la légitimité morale justifiant le pouvoir.
– Le gouvernement des Zhou occidentaux (1046–771 av. J.-C.) était féodal : le pouvoir était réparti entre des seigneurs héréditaires.
Vous pensez que tout cela aurait été simple ? Nous le pensions aussi... Mais cette fragmentation nécessitait plus de précisions.
La période des Zhou orientaux fut principalement consacrée à des activités de conquête — et non sans succès :
– Période des Printemps et Automnes (771–481 av. J.-C.) : des dizaines d’États semi-autonomes, nominalement sous la royauté Zhou. Les dirigeants locaux entreprirent des réformes, bâtirent des armées et développèrent des bureaucraties.
– Période des Royaumes Combattants (481–221 av. J.-C.) : sept grandes puissances (Qi, Chu, Yan, Han, Zhao, Wei, Qin). Les guerres favorisèrent la centralisation et le progrès technologique.
Pendant cette période, l’État de Qin, situé à l’extrême ouest, se renforça progressivement grâce à la réforme agraire, à l’innovation militaire et à un gouvernement légaliste strict (notamment sous Shang Yang).
✏️ Transition : de la désunion Zhou à l’unification Qin
La royauté Zhou perdit son contrôle effectif ; son autorité ne subsista que symboliquement. Le Qin adopta le Légalisme, remplaça l’aristocratie héréditaire par des fonctionnaires nommés, et imposa une fiscalité et une conscription standardisées. En exploitant la géographie (fertile vallée de la Wei, terrain défendable) ainsi que les réformes foncières et militaires, le Qin devint l’État le plus efficace et centralisé. En 221 av. J.-C., Qin Shi Huang vainquit ses derniers rivaux, mit fin au monde Zhou et fonda le premier empire chinois — l’Empire Qin.
Unités de mesure de la dynastie Qin
Comme nous le savons déjà, la période de gouvernement des Qin se caractérisait par la centralisation de toutes les fonctions administratives de l’État, y compris la fiscalité et la normalisation métrologique. Ces conditions justifient la nécessité d’examiner le système de mesure de cette période.
| Unité Qin | Chinois (秦制) | Relation | Valeur métrique approximative | Remarques |
|---|---|---|---|---|
| Zhi (指) | Largeur de doigt | — | ≈ 0,019 m | Plus petite unité utilisée sur certaines règles |
| Cun (寸) | Pouce | 1 cun = 10 zhi | ≈ 0,023 m | Base pour les petits travaux et outils |
| Chi (尺) | Pied | 1 chi = 10 cun | ≈ 0,231 m | Unité standard de la règle Qin |
| Zhang (丈) | Brasse | 1 zhang = 10 chi | ≈ 2,31 m | Mesure à l’échelle humaine, utilisée en architecture |
| Bu (步) | Pas | 1 bu = 6 chi | ≈ 1,39 m | Utilisé pour la délimitation des champs et des routes |
| Li (里) | Mille chinois | 1 li = 300 bu | ≈ 415 m | Norme pour les relevés routiers et fonciers |
⛏️ Preuves archéologiques :
- Règle de mesure en bronze de la tombe de Fuling (Xi’an, 221 av. n. è.) → 1 chi = 23,1 cm
- Lamelles de bambou de Fangmatan (Tianshui, Gansu) confirment des rapports et notations identiques
- Ornières standardisées près de Xianyang montrent des largeurs d’essieux d’environ 1,5 m, correspondant à l’échelle chi–bu des Qin
| Unité Qin | Chinois (秦制) | Relation | Équivalent moderne approximatif | Remarques |
|---|---|---|---|---|
| Zhu (銖) | — | — | ≈ 0,65 g | Poids de base pour les pièces et les herbes médicinales |
| Liang (兩) | Taël | 1 liang = 24 zhu | ≈ 15,6 g | Norme monétaire et commerciale |
| Jin (斤) | Catty | 1 jin = 16 liang | ≈ 0,249 kg | Poids courant sur les marchés |
| Jun (鈞) | — | 1 jun = 30 jin | ≈ 7,47 kg | Mesure commerciale lourde |
| Shi (石) | — | 1 shi = 4 jun ≈ 120 jin | ≈ 29,9 kg | Unité de volume pour les céréales et la fiscalité |
⛏️ Preuves archéologiques :
- Poids en bronze portant l’inscription « Qin liang » découverts à Xianyang, Yangling et Shuihudi — tous cohérents à ~15,6 g par liang.
- Les pièces Banliang (demi-liang) pèsent ≈ 7,8 g, confirmant le ratio officiel d’émission monétaire (½ liang ≈ 7,8 g).
- Les poids en pierre marqués « Jin » exposés au musée de Xi’an montrent une échelle proportionnelle parfaite.
| Unité Qin | Chinois (秦制) | Relation | Équivalent moderne approximatif | Utilisation courante |
|---|---|---|---|---|
| Sheng (升) | — | — | ≈ 0,200 L | Mesure de base pour les liquides et les céréales |
| Dou (斗) | — | 1 dou = 10 sheng | ≈ 2 L | Commerce quotidien et rations |
| Hu (斛) | — | 1 hu = 10 dou | ≈ 20 L | Stockage, impôts, greniers |
| Shi (石)** | — | 1 shi = 10 hu | ≈ 200 L | Principale unité de grain de l’État (même terme que le poids « shi », mais contexte différent) |
⛏️ Preuves archéologiques :
- Récipients en bronze « Qin hu » et « dou » découverts à Xi’an et Fufeng, portant des inscriptions cohérentes avec le rapport 10:1.
- Les lamelles de bambou de Shuihudi (vers 217 av. J.-C.) contiennent des inventaires utilisant ces unités.
- Des jarres en céramique trouvées dans les fosses de l’armée de terre cuite portent également l’inscription « Shi » (石) pour la comptabilité en vrac.
Les auteurs suggèrent que les interrelations internes du système peuvent constituer une base utile pour une compréhension complète des normes métrologiques de la période.
| Catégorie | Base | Multiplicateurs | Qin → Métrique (approx.) |
|---|---|---|---|
| Longueur | 1 chi | 10 cun = 1 chi → 10 chi = 1 zhang | 1 chi ≈ 0,231 m |
| Poids | 1 liang | 24 zhu = 1 liang → 16 liang = 1 jin | 1 liang ≈ 0,0156 kg |
| Volume | 1 sheng | 10 sheng = 1 dou → 10 dou = 1 hu | 1 sheng ≈ 0,2 L |
Les dérivations méthodologiquement fondées de tous les paramètres ci-dessus, établies en fonction des artefacts correspondants, sont présentées ici à l’attention du lecteur.
| Site | Type de découverte | Importance |
|---|---|---|
| Fangmatan (Gansu) | Lamelles de bambou avec enregistrements de mesures | Confirme le système mathématique administratif des Qin |
| Shuihudi (Hubei) | Textes juridiques et inventaires Qin | Définit les relations d’unités et la fiscalité |
| Xianyang (Shaanxi) | Poids et tiges étalons en bronze | Normes physiques du chi et du liang |
| Site de l’armée de terre cuite | Inscriptions d’outils et dimensions de chars | Normes appliquées en ingénierie |
| Mausolée de Yangling | Mesures de grains avec inscriptions | Vérifie l’échelle volumétrique hu–dou–sheng |
Notre machine à remonter le temps nous transporte vers une période plus lointaine de l'historiographie chinoise et, respectueusement, vers une autre époque culturelle.
Au fait, avez-vous remarqué que l'espace lui-même est étroitement lié au temps, tout comme à la matière physique ? Les deux sont entrelacés, et par conséquent, notre point d'atterrissage nous a également légèrement décalés.
Nous sommes maintenant à l'époque de la dynastie Shang, et voici le temps de marche à travers l'État.
Dynastie Shang : Structure de l'État et Mesures
⛩️ Dynastie Shang : Structure de l'État et Ordre Féodal
Contexte historique et fondements de la gouvernance
- La dynastie Shang succéda à la semi-légendaire Xia et précéda la Zhou, gouvernant la vallée moyenne et inférieure du fleuve Jaune, avec pour capitale Yin (l'actuelle Anyang) dans sa phase tardive.
- La période Shang représente la formation du plus ancien système étatique vérifié en Chine, caractérisé par une royauté héréditaire et une légitimité divine, une administration régionale décentralisée par des seigneurs liés par la parenté, l'émergence d'une bureaucratie rituelle et de centres urbains de l'âge du bronze.
- Le roi (王, wang) se tenait au sommet, servant simultanément de souverain politique, de commandant militaire et de grand prêtre — intermédiaire entre le monde humain et les ancêtres.
Principes de l'État et Logique Administrative
À des fins de généralisation (comme nous l'aimons), rassemblons l'ensemble des champs qui serviront de base aux outils de gestion étatique concentrés chez le souverain et nécessaires à la gouvernance efficace de l'État.
- Monarchie Théocratique (en forme, mais lisez 'Monarchie') : On croyait que le roi Shang communiquait directement avec les esprits des ancêtres par la divination (os oraculaires), faisant de la gouvernance une extension de l'autorité religieuse.
- Pouvoir politique (légitimité rituelle).
- Gouvernance par la parenté (宗法制度, zongfa zhidu) : Le royaume était divisé entre membres de la famille royale et généraux de confiance. Ces seigneurs féodaux gouvernaient des territoires nominalement sous le mandat du roi mais conservaient une forte autonomie locale → première forme de décentralisation féodale, basée sur la loyauté du sang plutôt que sur la nomination bureaucratique.
- Relations tributaires : Les seigneurs régionaux devaient envoyer des tributs (贡, gong) — céréales, jade, bronze et captifs — renforçant la dépendance au centre royal.
- Intégration militaire : Les armées étaient levées régionalement ; le roi conservait le contrôle par des campagnes rotatives, assurant que les seigneurs féodaux restaient subordonnés militairement.
- Rituels et tenue des registres : Les Shang maintenaient un archive central des inscriptions sur os oraculaires, servant à la fois de registres religieux et d'outils administratifs — suivi des récoltes, des tributs et des présages.
Ici, nous exposons à notre honorable lecteur l'architecture féodale Shang, listant tous les acteurs principaux et proposant à notre auditoire de revoir et comparer cette construction sociale avec le système féodal communément établi dans l'Europe médiévale.
Principaux domaines féodaux et leurs distinctions durant la période Shang
La définition bien connue pour le lecteur européen du Comté peut être appliquée à la période étudiée, mais pour une analyse plus précise, l'auteur a jugé approprié de diviser d'abord l'État en unités territoriales plus grandes.
🗡️ Le noyau royal (Yin / Anyang) :
- Caractéristiques : capitale politique et rituelle, forte concentration de tombes d'élite et d'ateliers, redistribution contrôlée du bronze, jade et armes — preuve du contrôle centralisé des ressources.
🗡️ Domaines orientaux (région Henan–Shandong) :
- Gouvernés par des membres de la famille royale ; centres majeurs tels que Zhengzhou et Yanshi, économiquement vitaux pour l'agriculture et la métallurgie, maintenaient des liens religieux étroits avec la capitale via des cultes ancestraux partagés.
🗡️ Domaines occidentaux et frontaliers (Shaanxi, Shanxi) :
- Semi-autonomes ; incluaient souvent des populations non Shang intégrées par alliance ou soumission, fournissaient défense frontalière et chevaux, moindre intégration rituelle — modèle de gouvernance plus militarisé.
🗡️ Tributaires du sud (bassin du fleuve Huai) :
- Ethniquement divers ; gouvernés par des chefs vassaux (fang bo), contribuaient avec des exotiques (carapace de tortue, ivoire, plumes) utilisés dans la divination et les rituels.
La révision finale enrichit le tableau avec l'exhaustivité de la conception hiérarchique.
Bien que l'État Shang n'ait pas été « féodal » au sens des Zhou ultérieurs, il présentait des caractéristiques proto-féodales : des domaines héréditaires régionaux liés par la parenté et l'allégeance.
| Rang / Rôle | Terme chinois | Fonction | Caractéristiques |
|---|---|---|---|
| Roi | 王 (Wang) | Souverain suprême, prêtre, commandant militaire | Unifie le pouvoir rituel et militaire ; préside le culte des ancêtres ; émet des divinations pour les affaires de l'État |
| Grands seigneurs / Princes | 諸侯 (Zhu hou) | Dirigeants régionaux semi-indépendants (famille royale) | Possèdent des fiefs héréditaires ; dirigent les armées locales ; doivent verser un tribut et fournir un service militaire |
| Chefs vassaux | 方伯 (Fang bo) | Chefs de clans locaux ou dirigeants alliés en périphérie | Gèrent les régions frontalières ; intermédiaires entre les Shang et les groupes tribaux |
| Commandants militaires | 師 (Shi) | Généraux issus de la noblesse | Commandent les armées royales et régionales ; souvent des figures rituelles également |
| Fonctionnaires rituels / Clercs | 卜人 (Bu ren) | Divinateurs et scribes | Réalisaient les divinations sur os d’oracle ; tenaient les calendriers rituels et les archives royales |
| Artisans / Maîtres du bronze | 匠 (Jiang) | Contrôlés par la cour royale | Produisent des vases rituels en bronze symbolisant le statut et l'autorité |
La fin de la dynastie Shang a connu une fragmentation croissante :
- Les seigneurs régionaux accumulaient richesse et identité locale.
- La lignée royale (Roi Di Xin, connu sous le nom de Zhou des Shang) devenait moralement et politiquement isolée.
- Le clan Zhou, initialement un vassal occidental, consolida sa force militaire et renversa la dynastie vers 1046 av. J.-C., fondant la dynastie Zhou occidentale avec une structure féodale plus formalisée (fengjian zhidu).
✏️ L'État Shang représente le premier stade empiriquement vérifié de l’organisation politique chinoise — un hybride entre confédération tribale et monarchie rituelle. Sa hiérarchie féodale était personnelle et rituelle, pas encore institutionnelle et territoriale comme sous les Zhou. La force de la dynastie résidait dans son autorité religieuse ; sa faiblesse, dans l'absence de codification administrative — lacune que les Zhou ont plus tard comblée par des lois féodales formelles et que les Qin ont centralisée bureaucratiquement.
Mesures sous la dynastie Shang
La dynastie Shang se situe à la frontière entre la métrologie rituelle et la métrologie administrative. Les mesures existaient principalement comme instruments rituels et pratiques au sein d'une société théocratique — liées à la production de bronze, à l'architecture, à la division des terres et aux systèmes sacrificiels. Aucun système codifié survivant (comme la standardisation juridique des Qin ultérieure) n'existait encore ; au lieu de cela, les standards de mesure étaient incorporés dans les artefacts (vases en bronze, céramiques, outils, poids). Les données disponibles sont archéologiques, non textuelles — les inscriptions sur les bronzes et les corrélations archéologiques nous permettent de reconstruire les unités.
La mesure dans la vision du monde Shang faisait partie de l'ordre rituel, et non d'un simple calcul utilitaire. Le roi, en tant qu'autorité rituelle, définissait l'équilibre cosmique par l'espace mesuré — les axes du palais alignés astronomiquement et spirituellement. Les unités de volume et de poids incarnaient la hiérarchie des offrandes : un dou pour les nobles, un hu pour les ancêtres, etc. Ainsi, mesure = cosmologie = gouvernance — une équation héritée et ultérieurement moralement interprétée sous le « Mandat du Ciel » des Zhou.
Le système Shang a établi la continuité des noms d'unités (chi, dou, jin, liang) qui a perduré pendant 2 000 ans. Fonctionnellement, il reliait proportionnalité rituelle et précision administrative. La cohérence archéologique entre des sites éloignés (Henan, Shanxi, Hubei) implique une calibration centrale de la production, bien qu'il n'y ait pas encore de standardisation impériale. Conceptuellement, la mesure était un acte sacré — mesurer revenait à aligner l'ordre humain sur la géométrie divine.
| Unité | Chinois | Valeur moderne approx. | Contexte / Fonction | Preuves archéologiques |
|---|---|---|---|---|
| Chi | 尺 | ≈ 19,5–20,5 cm | Unité de mesure linéaire de base | Règles en bronze (Anyang, Yinxu); plan des tombes royales |
| Cun | 寸 | 1/10 chi ≈ 1,95–2,05 cm | Détail artisanal, fabrication d’outils | Relations proportionnelles dans les artefacts osseux |
| Zhang | 丈 | 10 chi ≈ 1,95–2,05 m | Conception architecturale, planification | Dimensions de palais et autels |
| Bu | 步 | ~6 chi ≈ 1,2 m | Marche dans les champs et terrains | Estimation d’après l’alignement des sites |
| Li | 里 | ≈ 300 bu ≈ 350–400 m | Pas encore formalisé | Concept hérité et stabilisé plus tard sous Zhou |
La variabilité entre les sites (20–25 mm par chi) suggère qu'il n'existait pas de standard national absolu, seulement le contrôle des ateliers royaux régionaux.
Des règles en bronze découvertes à Anyang (Yinxu) indiquent une tentative de standardisation au sein du complexe métallurgique royal — un précurseur de l'unification formelle des Qin.
Le chi était déjà le terme central, repris ensuite sans changement sous Zhou, Qin et Han.
| Catégorie | Unité | Équivalent moderne approximatif | Preuves matérielles | Fonction |
|---|---|---|---|---|
| Poids | Jin (斤) | ≈ 200–250 g (estimé) | Poids en bronze trouvés à Yinxu | Commerce du bronze et du jade |
| - | Liang (兩) | 1/16 jin ≈ 12–15 g | Petits poids en bronze | Matériaux précieux |
| Volume (solide/liquide) | Dou (斗) | ≈ 1,9–2,1 L | Vases rituels en bronze | Mesure des céréales ou du vin pour les sacrifices |
| - | Sheng (升) | 1/10 dou ≈ 190–210 mL | Petits vases en bronze | Offrandes rituelles standardisées |
| - | Hu (斛) | 10 dou ≈ 19–21 L | Grands bronzes, jarres de stockage de grain | Inventaire agricole |
Traçons le chemin de l'évolution des mesures dans la Chine ancienne à travers les périodes que nous avons déjà étudiées.
| Caractéristique | Xia (semi-légendaire) | Shang | Zhou | Qin |
|---|---|---|---|---|
| Chronologie | c. 2070–1600 av. J.-C. | c. 1600–1046 av. J.-C. | 1046–256 av. J.-C. | 221–206 av. J.-C. |
| Type de preuve | Mythique, inférence archéologique | Artefacts (bronze, os) | Inscriptions + standards | Codes légaux, standards physiques |
| Unité de longueur | Chi (incertain) | Chi ≈ 20 cm | Chi ≈ 23 cm | Chi fixé à 23,1 cm |
| Unité de volume | Proto-dou | Dou, Sheng, Hu (rituel) | Même système avec inscriptions | Standardisé (Hu Qin, Dou Qin) |
| Unité de poids | — | Jin, Liang (approximatif) | Utilisé dans le commerce et la taxation | Poids en bronze légalement fixés |
| Fonction métrologique | Symbolique (ordre cosmique) | Rituel-administratif | Administratif & économique | Bureaucratique & légalisé |
| Source d’autorité | Rois sages mythiques | Légitimité divine-ancestrale | « Mandat du Ciel » moral | Décret impérial légaliste |
Ici, notre collectif d'auteurs s'exprime d'une seule voix en soulignant que ces tableaux (comparant l'architecture féodale de la dynastie Shang à celle de l'Europe médiévale), conçus à des fins comparatives, sont extrêmement spéculatifs et ne doivent pas être utilisés comme source autoritaire dans un travail académique.
Nous vous avions promis quelque chose… Exactement. Comparons maintenant la structure féodale de l'époque Shang avec l'architecture étatique féodale de l'Europe médiévale.
- Le cadre féodal de la dynastie Shang ressemble effectivement, à plusieurs niveaux structurels, au système féodal médiéval européen, bien que leurs visions du monde et leurs mécanismes de légitimation diffèrent nettement.
| Aspect | Shang (env. 1600–1046 av. J.-C.) | Europe médiévale (env. 9e–14e s.) | Analogie |
|---|---|---|---|
| Modèle central | Vassalité basée sur la parenté (parents royaux gouvernant des domaines semi-autonomes) | Vassalité (seigneurs recevant des fiefs d’un roi) | Décentralisation hiérarchique |
| Tenure foncière | Terres détenues par droit héréditaire sous mandat royal | Terres détenues en fief sous serment de loyauté | Les deux lient terre → loyauté |
| Devoirs tributaires | Grains, bronze, jade, captifs pour le roi | Taxes, récoltes ou service militaire pour le suzerain | Dépendance économique envers le centre |
| Obligation militaire | Armées régionales engagées dans les campagnes royales | Chevaliers et vassaux engagés dans le service militaire | Réciprocité militaire |
| Intégration politique | Confédération lâche de domaines familiaux | Confédération lâche de fiefs | Souveraineté polycentrique |
| Légitimation rituelle | Culte des ancêtres & médiation divine | Droit divin & sanction ecclésiastique | Justification sacrée de l'autorité |
| Catégorie | Shang | Europe | Différence |
|---|---|---|---|
| Base idéologique | Théocratique-ancestrale : le roi médie avec les esprits (Shangdi) | Chrétienne-théologique : le monarque sous Dieu, légitimé par l'Église | Cosmologie religieuse distincte |
| Mobilité sociale | Domination par parenté et lignée | Noblesse par naissance, mais mérite chevaleresque possible | Shang plus strictement basé sur la parenté |
| Bureaucratie | Minimale ; archives rituelles, devins, scribes | Bureaucratie ecclésiastique et séculière développée plus tard | L'Europe a développé une administration complexe |
| Droit féodal | Usuel et rituel, non codifié | Codes féodaux, contrats, chartes | Le Shang n'avait pas de système légal formel |
| Période temporelle | Origine au début de l’âge du bronze | Moyen Âge, post-classique | Plus de deux millénaires de différence sur le plan technologique et économique |
✏️ En résumé : la forme (décentralisation hiérarchique) est similaire ; la logique (religieux-parenté vs légal-féodal) est différente.
Les deux systèmes représentent une transition entre l'autorité tribale et l'État bureaucratique :
- Gouvernement décentralisé lié par obligation personnelle ou sacrée.
- La terre et le pouvoir rituel distribués entre les sous-dirigeants.
- Dépendance réciproque : le centre dépend des vassaux pour les ressources et les armées, tandis que les vassaux ont besoin de la reconnaissance centrale pour la légitimité.